Des idées de lecture pour ce début d'année !
Yuri est un cosaque, un anarchiste, soldat détaché de ses sentiments dans le conflit qui déchire la Russie en cet hiver 1921.
Il ne reste qu'un membre de la famille royale, caché dans un train immobilisé dans l'hiver de Mourmansk.
Nikita, bolchevik cynique et cruel, et aussi ami d'enfance de Yuri, va envoyer ce celui-ci tuer le dernier représentant des Romanov pour mettre fin à la guerre.
Yuri se fait passer pour un tsariste et découvre une princesse de huit ans, Nadya, arrogante et insupportable.
Tuer une enfant... Qui s'avère plus utilisée qui protégée.
En s'apprivoisant, ils vont se sauver l'un l'autre, poursuivis par l'ire de Nikita et sa conscience noire, Baba Yaga, aux commandes d'un Golem Implacable, le Tchernobog, alimenté par la rancœur et la jalousie de Nikita...
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Achat d'impulsion chez mon librairie, la couverture m'a appelée, et je n'ai pas résisté.
Joli bébé de plus de 300 pages comme coupé en deux.
La première moitié, noire, période sombre, des personnages lourds de sens et de passé et avenir lourd de conséquences.
L'âme noire de Nikita, manipulée par une Baba Yaga vengeresse et cette ambiance de massacres de guerre fratricide.
La deuxième moitié, blanche, de neige, d'avenir et pourtant froide, semée de choix difficiles, d'abandon mais aussi d'un cœur grand et chaud caché profond à l'intérieur comme les slaves en sont dotés (et je sais de quoi je parle).
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Cette révolution russe vue par le prisme de la tradition slave, enrobée de conte et de légende, d'un soupçon de magie, et la rencontre d'un homme qui a choisi de faire le deuil de ses émotions, et d'une petite fille que l'on a tenu à l'écart de la vie par devoir, tout ça fait de cette histoire une quête humaine passionnante que je n'ai pu lâcher !
Noirceur et lumière d'une humanité complexe, un dessin et une énergie pleins de profondeur aux portes de l'animation par ses cadrages et sa composition.
Tout m'a plu dans cet album touchant, émouvant et passionnant.
Coup de cœur !
Avec Le chaos, premier tome du diptyque La révolution des damnés, Melody Cisinski nous offre une version inédite de la révolution russe. Cette guerre civile se déroula de 1917 à 1923 opposant les révolutionnaires aux tsaristes. L’auteure se focalise surtout sur les antagonismes qui ont eu lieu au sein du camp révolutionnaire. En effet, les bolcheviques, après s’être beaucoup servi des anarchistes, les ont plus ou moins détruits.
Elle inscrit son ouvrage au cœur de l’année 1921, lors des derniers soubresauts de cette guerre civile. Yuri, cosaque anarchiste et Nikita, officier bolchevik sont deux amis d’enfance. Quand Nikita, ce redouté communiste fait appel à son ancien ami, celui-ci très courageux accourt. Si Yuri parvient à éliminer le dernier membre de la lignée des Romanov, isolé et protégé dans un train par les soldats tsaristes qui sont sur le point de l’évacuer, la révolution pourrait enfin s’accomplir… Notre idéaliste accepte la mission mais va être grandement surpris lorsqu’il fera connaissance avec ce dernier descendant qui n’est autre qu’une fillette, Nadya, une enfant, candide certes, mais quel personnage !
Avec cette uchronie, Melody Cisinski a su brillamment ancrer son ouvrage à la fois dans la réalité tout en se détachant d’un réalisme historique, en partant ailleurs et notamment dans les légendes et le fantastique. Elle n’hésite pas à incorporer dans le récit un golem en acier (en couverture de l’album) et une Baba Yaga, cette figure féminine surnaturelle la plus présente du conte russe, désireux d’aider les Rouges, mais toujours plus avides de sang « Des corps, des âmes pour le pouvoir, l’énergie vitale, HiHi ! »
Je dois avouer cependant m’être parfois perdue dans cet univers imaginaire.
Si les deux premières pages laissent entrevoir peu d’espoir pour le final, on ne peut qu’être admiratif devant ce personnage principal toujours positif, souvent drôle qu’est Yuri et s’attacher à lui.
Les couleurs, majoritairement le noir et blanc, avec une ou deux autres, comme évidemment le rouge correspondent bien, à chaque fois avec l’ambiance et ont un rôle important dans l’histoire. L’univers sombre de la guerre est superbement rendu.
Les dessins simples, les cadrages variés donnent beaucoup de rythme de même que l’alternance de séquences riches en dialogues avec d’autres strictement muettes.
Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié les planches pleine page.
Les rivalités idéologiques sont parfaitement mises en scène et annoncent clairement l’avènement des communistes.
Melody Cisinski, première storyboarder française à avoir rejoint les studios Pixar, avec son premier album La révolution des damnés nous propose ainsi une version originale, spectaculaire et pour le moins surprenante de la Révolution russe, mettant en scène deux « frères », deux destins que tout oppose pour libérer la Russie du joug tsariste…
Réalité et fiction, Histoire et légendes, tradition et modernité, aventures, amitié, rivalités, amour, humour et personnages forts et complexes caractérisent ce premier album dont j’attends avec impatience la suite…
Je remercie le site Cases d’Histoire et les éditions Robinson pour cette magnifique découverte.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."