"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Banc de Catherine Lacey
Traduit par Charlotte DU CAP
Le narrateur est retrouvé endormi sur un banc dans une église. Il suscite la curiosité de la communauté autour de cette église et est accueilli chez Hilda et Steven. Mais il ne parle pas. On ne sait rien même pas son sexe. La communauté tente de connaitre son sexe, son age, ses origines. Le narrateur passe de maison en maison, à quelques jours de la fête du pardon pour essayer de délier sa réserve. Mais en voulant le connaître, en voulant le mettre à l’aise, il devient en fait le confident. Ce sont les membres de la communauté qui se livrent sans filtre. Ils lui révèlent leurs plus sombres secrets, leur histoire familiale, leurs pensées, une sorte de confession sans retenue.
Et grâce à ces confidences, on découvre une communauté pieuse mais aussi les secrets, la violence, les regrets.
Malgré tous ces travers, chacun a la patience face à ce mutisme, ces interrogations sans réponse mais jusqu'à un certain point, leur patience est mise à rude épreuve avec tout au long du livre cette nécessité de définir une identité. Les personnages que constituent la communauté sont très bien dessinés, leur psychologie précisément mise en scène.
C'est une histoire originale avec un mystère bien maîtrisé pour captiver le lecteur tout en lui offrant de savoureuses confidences. J'ai beaucoup aimé le style sobre et efficace qui rend la lecture très fluide.
Parce qu'elle souffre de diverses affections pour lesquelles la médecine classique ne peut rien , Mary suit une thérapie de KAPologie sur les conseils de son amie "Techniquement, m’expliqua Chandra, la KAPologie est une forme de chi neurophysiologique, une technique relativement obscure, qui se situe aux marges de l’avant-garde ou aux marges des marges, selon à qui tu poses la question. " Dispensées par un (pseudo) thérapeute, les séances lui coûtent très cher mais comme elle est convaincue des bienfaits, il est hors de question de question pour elle d’arrêter. Coup de chance, elle tombe sur une petite annonce qui recherche des candidates pour un programme spécifique d'étude contre rémunération.
Après série d’entretiens et de tests, Mary intègre une expérience un peu spéciale autour de Kurt, star du cinéma adorée et idolâtrée par de nombreuses personnes. Le but du programme étant d’identifier le mécanisme amoureux, de l'analyser sous toutes les coutures. Mary devient la "Petite Chérie Emotionnelle" de Kurt. Bardée de capteurs, son rôle est de l’écouter car toutes leurs entrevues seront filmées et décryptées, et les données passées au peigne fin.
Comme dans Personne ne disparaît, Catherine Lacey fait preuve d’inventivité et ce roman est extrêmement singulier et intrigant. On navigue entre l’étonnement, l’ironie sous-jacente, un certain cynisme et la sensation par moments d’être légèrement dérouté. Détonante par son côté un peu étrange, Mary donne l'impression en apparence d’être souvent à côté de la plaque, décalée à l'image de ce roman.
Les désirs personnels ou scientifiques, la quête du bien-être, la manipulation, la solitude et les dérives les plus extrêmes sont au centre de roman.
Complètement surprenante et originale, loin d'être lisse, cette lecture sort assurément des sentiers battus mais il lui manque, au final, de la cohésion. Mais malgré tout, l'écriture de Catherine Lacey m'a une fois de plus accrochée par son originalité.
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