"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Écrit lors d’une résidence d’auteur au sémaphore du Créac ’h à Ouessant, ce recueil de poèmes courts explore ce qu’offre l’île : poissons, oiseaux, … Vivre sur une île vous isole du continent et vous projette vers l’horizon, pas d’autre moyen que de converser avec les éléments.
Ici, Karin Huet, insatiable voyageuse, a posé son sac pour écrire face à la mer avec une plume d’oiseau de mer trempée dans l’encre de seiche.
Les premiers fragments sont lapidaires, juste un mot ou deux à chaque ligne, petits cailloux essaimés. Puis les poèmes s’étoffent en même temps que l’auteure parle à lui, à elle et à toi. Tu, c’est la syrène avec un y comme dans mythe.
« La syrène
grise et nue
à qui je disais tu
ma voisine de roche
ma camarade nocturne
dans quinze nuits
dit-on
elle se sera tue
elle ne servira plus »
C’est des entrailles de l’encornet que sortent les mots qui feront le poème, l’encornet qui a offert son encre et son encrier, sa plume et sa chair. Puis sortir – que faire d’autre ? - se frotter aux éléments.
« je me suis avancée
il y a un défilé
pour aller voir le
vent
contempler le
néant
je me suis avancée
entre les grands
rochers. »
C’est une balade en poésie, vivifiée par l’air marin, et accompagnée de l’encornet pourvoyeur d’imagination. Les mots cabriolent, se superposent et répètent leurs sonorités d’une phrase l’autre.
« ainsi cornait
ce cornichon
d’encornet
laissant pisser
son encre
dans
ma main en
cornet. »
Les illustrations et les calligraphies, très sombres, de Karin Huet font écho à ses mots. La nuit, la suie, le sang se retrouvent dans ses peintures abstraites.
Les sons qui se répètent, les onomatopées, elle connait, Karin Huet, et elle en use largement jusqu’à construire un rythme, avec un bruit semblable à celui du flux et du reflux sur la grève.
« ça roule
ça moule, ça boule
ça bourre
ça bourbouibouille
ça gloute ça raoute
ça chamouille
ça shloufffle
et moi
oiseau impeccable »
Des poèmes à lire, à clamer, à scander.
Des poèmes de grand vent, des poèmes à voyager.
Alors, laissez-vous embarquer car…
« « il est temps
de prendre le vent »
Ils sont drôles, parfois étranges, ces poèmes très brefs, jetés aux quatre vents de l'île d'Ouessant où Karin Huet est en résidence d'écriture. D'une seiche offerte par un pêcheur, elle va prendre l'encre et, d'une plume de goéland, elle nous concocte un plat de mots, de sensations, de bruits qui amusent ou font réfléchir.
J'ai bien aimé ces poèmes courts et le format de ce petit recueil facile à emporter.
"il porte sa plume
au milieu
de son corps
l'encornet
et même au centre
c'est sa colonne
et puis son encrier
une poche nacrée
pas loin de
son gosier "
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