"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« _ La Joconde provoque une obsession bizarre chez certaines personnes. Une obsession destructrice. Tu as dû lire ces bouquins sur la maladie de la beauté ?
_ Faut croire que non...
_ Ca arrive très souvent au Louvre. "Le syndrome de Stendhal", ils appellent ça…
L'amour est une drogue psychosomatique - tachycardie, vertige, confusion, hallucinations. T'imagines, en un seul dimanche d'ouverture gratuite, tu peux avoir jusqu'à soixante-cinq mille personnes exposées à cette radiation. Et toi, tu dois faire en sorte que personne pète les plombs, que ce trésor ne soit jamais détruit. Je te raconte pas le stress, vieux. Un stress terrible. »
Oubliez le Louvre, la Joconde en question ne sourit pas, a mauvais genre et des fréquentations d’un genre encore plus mauvais. Le gardien, lui, n’a rien à voir avec ceux de nos musées nationaux, uniformes fatigués, regards apathiques et démarches épuisées. Rémil, notre garde du corps est, comment dire, un peu plus dynamique ? S’étant autrefois cassé les dents (façon de parler parce qu’en réalité il a pris une balle dans le ventre) sur les commandos de Mrs Thatcher aux Malouines, il entretient depuis (nage en eaux vives, combats de rues et salles de sport) une forme olympique qui lui permet de donner pleine satisfaction à son employeur le Colonel, dont les attributions à priori mystérieuses sont au final assez claires : «c'est un militaire à la retraite qui a repris du service en 1984, dans l'ombre…les présidents et les ministres ont tous eu affaire à lui, et dans le monde de la politique, il est devenu "le type qui règle les problèmes"… manu militari, vous me suivez.
On nage dans le narcotrafic, on barbote dans une violence qui s’affiche, et on patauge dans la corruption des élites financières, militaires, policières, judiciaires et politiques de l’Argentine, ce beau pays où le romantisme péroniste sert toujours de cache-misère à toutes les turpitudes.
« - Dis-moi, en deux mots: Rada, c'est qui? (...)
- Une péroniste de la troisième génération.
- Ce qui veut dire?
- Les premiers péronistes ont été des héros, la deuxième génération, des révolutionnaires. La troisième génération, c'est des millionnaires. »
La Joconde ne sourit pas mais, en bonne femme fatale qu’elle est, elle n’en demeure pas moins plus que « bandante », comme on dirait dans ce genre de polar. Rémil a beau être un professionnel qui sait rester à sa place, se faire le plus discret possible et, entre deux missions, se changer les idées en lisant un des bons livres que lui a conseillé «le « colonel », ce serait mentir que de nier qu’il commence à ressentir des émotions.
Le fidèle lecteur de Pérez-Réverte que je suis commence à se dire que Rémil et Nuria, la Joconde, ont des airs de Coy et Tanger, dans Le Cimetière des Bateaux sans Nom. La confirmation survient un peu plus loin, lorsqu’on lit ce passage : « Alors je passe la journée à lire "Le Cimetière des bateaux sans nom", en buvant de la vodka citron avec des glaçons. Le soleil va bientôt se lever sur le lundi quand je lis ce dialogue : "S'il arrive quelque chose, dit-elle soudain, ne me laisse pas mourir seule."
Si je préfère la quête du trésor englouti (la longue phase de recherches érudites, en particulier) de Pérez-Réverte à cette histoire de trafic international de drogue entre Buenos Aires, Madrid et Vigo, je ne peux que saluer cette bonne histoire qui offre tous les bons ingrédients du genre et en prologue une énigme dont on ne saisira le sens qu’après avoir franchi le point final.
Une invitation à lire Le gardien de la Joconde avant une rencontre avec son auteur.
Un roman noir argentin sorti en 2014 dans son pays, un roman sombre, où le trafic de coke entre l’Argentine et l’Europe, pose, Rémil, vétéran de la guerre des Malouines, dans les pas de Nuria Menéndez Lugo, une avocate.
Le gardien de la Joconde, c’est l’héritage du Péronisme dans une Argentine où l’armée armée joue un rôle central dans la détention du pouvoir et du capital. Autour de Rémil, s’entrelacent, des politiciens véreux, des flics douteux, des avocats, des narcotrafiquants violents et des services secrets.
Le début de ce thriller semble harassant. Il est constitué de chapitres denses, ce qui change – actuellement beaucoup d’auteurs ont tendance à aérer leurs écrits. Une première partie qui pose les personnages principaux et leur environnement familial et économique, une seconde partie, violente et sans fard.
Autour de trois personnages complexes, Jorge Fernandez Diaz décrit le montage du trafic de coke de l’Argentine vers l’Espagne.
Rémil, vétéran de la guerre des Malouines. C’est un soldat qui porte en lui la mélancolie et les traces de la guerre. Un dur. Il œuvre, sous les ordres de Leandro Cálgaris, le directeur des opérations d’une agence autonome des services secrets argentins.
Rémil ne connaît ni la peur, ni la pitié. Il a subit les entraînements commandos. Il sait évoluer dans les bas-fonds de Buenos Aires. Le peu de confiance qu’il a, est dévoué à Cálgaris, l’homme de l’ombre, féru de Jazz, “le type qui règle les problèmes”. Les présidents et les ministres ont tous eu affaire à lui. Cálgaris, lui a appris à lire, à étudier. Il a la loyauté absolue du samouraï entre les maîtres et les apprentis, le wakashudo. Sa morale est vaporeuse. Ses opérations criminelles glissent sur lui. A ce titre Rémil est davantage qu’un simple soldat inflexible et dur à la tache. Pourtant, Rémil parait apte à vaciller. Il n’est pas insensible à la Joconde.
Il doit protéger celle qui mettre en œuvre un trafic de cocaïne. « C’est une femme d’une beauté inouïe. La plus belle femme de l’histoire de l’art. Et moi, je suis son gardien. Toi aussi, à ta façon. Tous ceux qui, comme nous, se cassent le cul à protéger des gens importants ou des pierres précieuses sont des gardiens de La Joconde. » Elle prend les traits de l’avocate, Nuria Menéndez Lugo, une brune qui se fait des reflets auburn, les pommettes hautes, les yeux noirs, la bouche charnue. Elle est aussi belle que dangereuse.
Le gardien de la Joconde, est un thriller d’espionnage et une charge politique contre le système péroniste – qui voulait une Argentine libérée du capitalisme sans tomber entre les griffes du collectivisme, un populisme étrange – qui concentre dans les mains de quelques uns, l’argent et le pouvoir.
Ce roman démonte les rouages de ce système à la corruption profondément ancrée, la cupidité et l’arrogance de ceux pour qui les intérêts priment sur tout le reste. D’une violence rare entre réalité et fiction, Le gardien de la Joconde, fait de Jorge Fernandez Diaz, une sorte de Don Winslow Sud américain. Vivement la suite.
Un dépaysement assuré!En route pour l'Argentine où un ancien vétéran Rémil se voit confier une mission par son mentor le colonel Calgaris;il doit protéger des autres cartels une avocate madrilène,Nuria,qui construit une filière d'exportation de drogue.Un héros atypique ,sans réelle morale,capable de toutes les violences,éprouver des sentiments:la mort du sergent qui l'a sauvé lors de la guerre des Malouines le voit pleurer..il tombe amoureux de Nuria!Le récit se fait à la 1ère personne pour que le lecteur participe à défaut de s'identifier à cet homme cultivé,qui se soutient à la vodka;les péripéties se succèdent à un rythme effréné.Corruption à tous les niveaux,trahisons sont les maîtres-mots de ce thriller y compris (ou surtout chez les péronistes!)qui part de faits réels.MAIS!!!!pour moi,trop de détails informatifs dans tous les domaines historiques,géographiques,culinaires,sexuels:je me suis parfois noyée!Dommage ,car tous les ingrédients étaient là pour passer un bon moment;un souci ,peut-être,de vouloir être trop précis.Le charme d'un voyage en Argentine,puis en Espagne,demeure;les personnages intriguent,l'originalité séduit pourtant.
Aujourd’hui, je vous emmène en Argentine faire la connaissance de Rémil, gardien de la Joconde, dans ce roman de Jorge Fernandez Diaz, traduit par Amandine Py, aux éditions Actes Sud.
Rémil est un vétéran de la guerre des Malouines reconverti en garde du corps mais qui officie aussi comme homme de main, nettoyeur, espion… C’est un homme sans foi ni loi qui se plie aux ordres sans états d’âme même s’il cherche quand même parfois à comprendre qui l’utilise et à quelle fin.
Rémil va devoir espionner et protéger dans le même temps une avocate espagnole en apparence blanche comme neige. Il ne va pas pouvoir s’empêcher de fouiller un peu avec l’aide de quelques-uns de ses collègues des services de renseignement argentins.
C’est à travers les yeux et les oreilles de Rémil que l’auteur nous fait découvrir une Argentine gangrénée par la corruption et la drogue, que cela soit au niveau des hommes d’affaire, des policiers ou des services gouvernementaux.
Ce roman est très riche en informations sur le fonctionnement et l’articulation entre eux des différents cartels Argentin, Colombien et Mexicain. Mais aussi sur le vaste marché que représente la cocaïne en Amérique du Sud et les ramifications que peuvent avoir ces cartels jusqu’en Europe.
La politique n’est pas non plus en reste dans ce texte qui n’hésite pas à incriminer les gouvernements, l’armée, les services secrets et la police, sans oublier la justice et le commerce.
Alors, forcément, le texte est souvent violent, immoral, mais il est tel que sont les personnages et l’histoire qu’il raconte.
Roman d’espionnage, roman noir, ce livre est, en plus d’être doté d’une intrigue habilement menée, une autopsie d’un pays mais aussi de tout un continent.
S’il est un peu difficile au début de vraiment se plonger dans le texte, alors que certaines évidences apparaissent à Rémil, le lecteur se retrouve embarqué, avec le personnage, dans la mission qui lui est confiée, « corps et âme ». Une très bonne lecture pour ma part.
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