"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout d'abord, je tiens à sincèrement remercier les éditions L'Archipel pour l'envoi de ce témoignage qui m'a tout simplement bouleversée à chaque page que je tournais. Comme vous pouvez le constater, tout ce qu'écrit Jaycee Dugard est si vrai et si puissant que j'aurais tout bonnement envie de vous citer des pages entières de ce livre, tant ce sont des bijoux parmi l'horreur indicible (et pourtant, elle y est parvenue...) qu'a dû traverser l'autrice. Mais après, vous n'auriez plus rien à vous mettre sous la dent, et puis Jaycee mérite sincèrement que vous fassiez cette rencontre avec elle directement, que vous découvriez ses états d'âme et sa façon de penser la vie extraordinaire pour ce qu'elle a vécu par vous-même. La frustration est immense, je dois me retenir de trop vous en livrer... Ou pas.
Déjà, il faut savoir qu'avant de leur demander ce service de presse, je ne savais tout simplement pas qui était Jaycee Lee Dugard et donc, par conséquent, je ne savais pas non plus quelle était son histoire. C'est ce "simple" titre à la tournure personnelle "On m'a volé ma vie", telle une affirmation qui ne peut souffrir contestation, qui m'a interpellée. Ce dont j'étais certaine, c'est que la mienne de vie allait radicalement changé en prenant connaissance de cet ouvrage, de ce que cette femme a enduré. Et vous avez beau ne pas la connaître personnellement, il est impossible d'avoir un cœur de pierre face à ce qu'elle a enduré. L'empathie est si puissante qu'elle vous submerge tel un raz-de-marée.
Aujourd'hui, en 2018, Jaycee Lee aura passé 18 ans de sa vie séquestrée, violentée, traumatisée, et 20 ans, onze et neuf, à l'air libre. Vingt ans de moments de liberté fragmentés, comme si c'était trop beau pour être vrai. Et pourtant, ce miracle de la liberté chérie retrouvée, Jaycee le prend pour ce qu'il est : réel, un cadeau inestimable. Elle le chérit et et jouit d'une telle force que j'en ai eu le cœur transpercé de part en part.
C'est cela qui m'a le plus marquée en lisant ce livre. Au-delà des moments extrêmement éprouvants que sont la captivité dans l'arrière-cour sombre, les jours de cavale où Jaycee petite fille se faisait constamment abuser sexuellement par un bourreau drogué qui entendait des voix, les jours de répit aussi, où la femme de son agresseur n'a rien fait pour l'aider à sortir de cet enfer innommable, incarnation même de la passivité et de la crédulité en un homme coupable et démoniaque, les deux grossesses qui ont résulté des viols... Au-delà de toute cette abomination insoutenable, c'est l'espoir qui n'a jamais cessé de vivre dans le cœur meurtri de Jaycee qui m'a transportée et qui m'a permis d'aller jusqu'au bout de ce que cette femme extraordinaire avait à me dire, malgré les cauchemars que j'en faisais.
Oui, moi, j'osais faire des cauchemars alors que la vraie noirceur, le vol de son innocence d'enfant, l'interdiction même d'assumer son rôle de mère auprès de ses filles, c'est Jaycee qui a connu cela, pas moi. Et pourtant, j'ai ressenti son récit jusqu'au plus profond de mes os tant ce qu'elle a vécu m'a glacé le sang.
Mais surtout, surtout, ce que je veux vous faire comprendre, c'est à quel point cette femme est courageuse et admirable. J'en suis restée sans voix dès le chapitre d'introduction, lorsque Jaycee nous explique, avec beaucoup de sincérité et de dignité, pourquoi elle a entrepris la démarche de raconter son histoire. Déjà rien que ça, poser les mots sur ce qu'on a vécu d'atroce, c'est énorme. Mais en plus, Jaycee a été capable de revivre son calvaire une deuxième fois juste après en être sorti, étant donné que le livre est paru originellement en 2011. Je n'ose même pas imaginer la bravoure qu'il lui a fallu de livrer au monde entier son histoire alors qu'à ce moment-là, tout le monde se permettait de la juger car elle avait tout de même eu des contacts avec l'extérieur au cours de ces dix huit-ans d'emprisonnement chez les Garrido et n'avait pas osé s'enfuir. Qui plus est, on la traquait comme une bête de foire en s'immisçant dans sa vie privée et celle de ses deux filles, nées et cloîtrées dans la maison de deux monstres, à coups de clichés indiscrets. J'ai eu honte de ce comportement scandaleux et indigne d'êtres humains envers une femme à l'enfance bafouée, entachée, à l'adolescence et à la vie de jeune adulte passées à la trappe, qui ne souhaitait qu'à inspirer au plaisir simple du bonheur et de vivre, tout simplement. Je m'en suis aussi voulue de ne pas avoir assez savouré ces étapes de la vie que Jaycee a manquées, de me plaindre parfois pour des broutilles, de souvent me disputer avec mes parents pour un rien alors qu'elle a passé dix-huit ans à regarder la lune en espérant revoir sa mère un jour, sans même encore oser prononcer le mot "maman", oralement ou dans sa tête, tant cela faisait mal. Je me dis que je pourrais être l'une de ses filles, j'ai un peu près le même âge que la seconde. J'avais aussi l'âge auquel elle a été kidnappé lorsqu'elle a pu enfin retrouver sa famille, en 2009. En parallèle de mon enfance choyée et de ma vie paisible, une jeune femme privée d'éducation, du plaisir de conduire et de partir à l'aventure rugissante de la jeunesse, de faire du sport, de vivre avec ses filles sans avoir peur du lendemain, attendait sa délivrance, sans jamais cesser d'avoir des pensées positives, comme si la petite fille lumineuse, pétillante et joyeuse, amie des animaux et toujours rigolote, qu'elle avait été n'avait jamais cessé de vivre en elle. Je ne suis qu'admirative face à la personne exceptionnelle qu'est Jaycee Lee Dugard.
Pour conclure, je sais que beaucoup de lecteurs évitent ce type de récits car cela est "trop dur à supporter" et qu'on "voit et entend bien assez d'horreurs au quotidien". Sachez que je vous comprends parfaitement. Moi même, j'occulte beaucoup de choses qui risqueraient de me blesser et de me choquer jusqu'au plus profond de mon être, et de me faire douter de l'honneur et de la décence de l'humanité. C'est votre choix que de commencer ce livre, cette décision vous appartient, tout comme elle a appartenu à Jaycee lorsque celle-ci a entamé la démarche de poser son histoire sur le papier. Elle ne vous impose pas de lire ce qu'elle a dû endurer. Simplement, par respect pour elle, pour la femme magnifique, si généreuse et si pleine d'abnégation qu'elle est, pour cette femme au cœur d'or, sur la main, à l'âme si pure et à l'amour si immense, pour cette femme qui m'inspire et qui m'a fait monter les larmes aux yeux, je me devais d'aller jusqu'au bout, de lui prêter mes épaules pour la délester de ce fardeau qu'est cet énorme fragment de vie volée, même si cela fut douloureux. Pour Jaycee, cela en valait le coup. Elle le mérite. Elle mérite d'être entendue et soutenue dans son combat pour les personnes disparues et celles qui se trouvent dans des situations familiales difficiles. Enfin, si vous lisez ce livre (et je vous le souhaite), vous ne verrez plus jamais les pommes de pin de la même manière...
"Jusqu'en 1991,j'étais une enfant comme les autres. Je faisais des choses normales. J'avais des amis et une mère aimante mais, un jour, on m'a volé ma vie..."
Tout au long de ce récit, vous découvrirez, ressentirez le calvaire qu'à vécu Jaycee Dugard.
De chapitres en chapitres, Jaycee Dugard nous livre avec détail ces 18 ans de séquestration.
Des scènes démentes, horribles et incompréhensibles. Nos émotions sont torturé pendant cette lecture, j'ai même du mal à réaliser que l'être humain est capable de faire ce genre de chose.
Des chapitres divisé, on passe du passé au présent totalement hallucinants.
Personnellement, même si on ne peut vraiment pas se mettre à la place de la victime, mais je n'aurai pas réussi à endurer un dixième de ce qu'elle a vécu.
Un témoignage à lire sans hésitation afin de réaliser que le monde contient vraiment des êtres humains atroce capable de faire subir des horreurs aux autres.
Merci aux Editions de l'Archipel pour cette découverte.
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