"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nous rencontrons Sonia alors qu’elle est déjà une vieille dame, seule dans son village avec ses vaches, son chien douzième du nom et son chat à la neuvième vie.
Arrive un jeune metteur en scène à la carrière théâtrale en berne, et dont la voiture vient de tomber en panne.
Sonia l’invite chez elle et lui raconte son histoire, comme pour laisser son fardeau avant de mourir.
Si j’ai aimé le personnage de Sonia et son histoire, j’ai été moins sensible à la forme de la narration entrecoupée de morceaux de la pièce de théâtre qu’imagine le jeune homme Igor.
Mais l’auteur a su me plonger en pleine campagne polonaise pendant la Seconde Guerre.
J’ai aimé le personnage du mari, qui endosse le mensonge du fils avec Sonia, et qui se sacrifie pour le village.
Un roman beau et très évocateur.
L’image que je retiendrai :
La poésie des scènes d’amour entre Sonia et son amoureux allemand.
http://alexmotamots.fr/sonia-ignacy-karpowicz/
C'était il y a longtemps, bien longtemps et ce temps là, la vieille Sonka ne parvient plus à en parler, les mots se brisent sur ses lèvres puis reconstruisent inlassablement le puzzle de ses rêves.
Pourtant, c'est bien en ce jour d'août, sur une route perdue dans la compagne polonaise, que sa vie va se rejouer. Sonka dès qu'elle voit Igor sortir de sa voiture en panne sait que c'est lui, l'ange de la mort : le dépositaire de ses souvenirs qui va la délivrer d'un poids de malheur faisant d'elle un fantôme du passé.
Igor, le confident et metteur en scène polonais profite du récit de Sonka pour construire et fabriquer l'héroïne de sa nouvelle pièce de théâtre, "l'histoire de Sonia".
Mais la vraie Sonka le touche profondément, lui qui est aussi un homme blessé par l'histoire de son pays. Il réendosse au contact de Sonka, sa véritable identité, Ignacy.
Tous les deux s'entendent également par la parole à travers un dialecte de mots et d'expressions parlé et compris par les polonais, les biélorusses et les russes, que l'on appelle le "paprostu", un héritage qu'ils ont en commun mais qui tend à disparaître.
Au fil du récit, Igor/Ignacy devine derrière le visage ridé de Sonka, la jeune femme qu'elle était, humiliée et brutalisée par son père dont le plus grand bonheur qui est devenu son plus grand malheur est d'avoir vécue brièvement mais intensément un amour interdit.
C'est ainsi que j'ai remonté le temps jusqu'à cet été 1941, quand l'offensive des combats entre l'armée allemande et les défenseurs atteint les terres les plus reculées du nord-est de la Pologne, la Podlachie.
J'ai beaucoup aimé "Sonia" pour les apports historiques, et le témoignage sans complaisance de la guerre avec son lot de trahisons et de violences dont le massacre des juifs de Grodek.
Et aussi parce que au-dessus de tous ces faits tragiques, l'auteur Ignacy Karpowicz réussit à faire resplendir la figure d'une jeune femme qui découvre le premier amour innocent comme un "souffle chaud, un goût de fraises, de crème fraîche et de sucre" mais broyé par L Histoire.
C'est un très beau coup de cœur !
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