"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La guerre de Troie est terminée, il est temps pour Ulysse de rentrer à Ithaque retrouver sa femme Pénélope et son fils Télémaque. Mais c'est sans compter sur la colère de Poséidon qui va tout mettre en œuvre pour empêcher le retour du rusé Ulysse.
D'aventures en aventures, sous la plume du poétique Homere, on suit les péripéties de ce héros légendaire et on suit avec avidité les différentes étapes de son odyssée.
Un récit qui, malgré son grand âge, n'a pas pris une ride.
L’ODYSSÉE traduit par E. Lascoux et édité chez P.O.L en avril 2021
L’Iliade et l’Odyssée ne sont pas à proprement parlé des livres appartenant à ma PAL mais plutôt de ceux «qu’il faudrait que je lise quand même un jour…. ». Et par ailleurs, dans cette pile-là, les titres se taillent une part belle, aussi….
C’est en voyant sur une étagère de ma librairie de quartier, L’Odyssée éditée ce printemps 2021 chez P.O.L que j’ai tendu la main et franchi le pas.
Bien entendu, j’en connaissais les grandes lignes et en avais gardé quelques résonances telles ‘Mon nom est personne’, ‘De Charybde en Scylla’, ‘Circé’, ‘Éole’ ‘Hadès’, etc.
Est-ce dû à cette nouvelle traduction qu’Emmanuel Lascoux, helléniste émérite, a ‘voulu bruiter dans une volonté musicale’ mais toujours est-il que ces chants d’Homère revisités, proches d’une adaptation en BD, m’ont bien passionnée.
Par exemple, au chant 12: «Crac ! Les haubans du mât, tiens, sectionnés d’un coup, par le vent, par la bourrasque, des deux côtés. Bam ! Le mât qui tombe à la renverse, tous les agrès qui dégringolent dans la cale, ma parole! Paf! Là, oui, à la proue du bateau, le pilote se le prend en pleine tête : ccric! Ça lui brise d’un seul coup tous les os du crâne à la fois. On croirait un plongeur, vous savez, qui se laisse tomber du plat bord. Fini pour lui : force et vie quittent ses os! Et Zeus qui n’arrête pas de tonner. Brraoum ! Sa foudre touche le bateau : regardez-le tournoyer sur lui-même, sous le choc de la foudre de Zeus.»
On retrouve dans L’Odyssée une dose de suspens importante. Cela commence par la pauvre épouse d’Ulysse aux prises avec les prétendants qui dilapident sa maison et le jeune fils d’Ulysse angoissé qui décide d’aller à la recherche de son père en embarquant sans expérience vers l’inconnu. Puis bam, (je m’y mets aussi…), l’auteur ne nous en parle plus.
Il dirige le projecteur sur Ulysse et les nombreuses démêlées auxquelles il fait face lors de son voyage de retour chez lui. On reste dans l’inquiétude de ce qui va arriver à Pénélope restée seule à Ithaque à tisser et détisser et retisser, entourée des prétendants pilleurs et de plus en plus menaçants bien décidés à la marier et ainsi évincer Ulysse, mort ou vivant, de son propre foyer et s'approprier ses biens. Et quid de Télémaque, le fils ?
Homère fait maronner le lecteur impatient …
En deuxième partie, Ulysse est revenu chez lui avec l’aide d’Athéna, la fille de Zeus, la chouette aux grands yeux, qui lui voue admiration et amour. Le jeune fils Télémaque revient aussi sain et sauf.
Tous deux auront maille à partir avec les mortels mais aussi avec les Dieux ainsi Zeus et Poséidon qui ne les ont pas à la bonne dû à une vieille rancœur.
Enfin, ils finiront par se débarrasser de tous ces rapaces de prétendants envahissant leur demeure mais avec un récit chargé en vengeances, rancunes, complicités, haines, traitrises, sournoiseries et moult imbroglio d’histoires entre les familles amies et ennemies qui m’ont, de façon surprenante, tenue en haleine.
Dans ce récit se mêlent tous les genres de notre littérature : mythologie, Histoire, voyage, romance, suspens, thriller, polar, fantastique. Fantastique, car les Dieux se transforment et peuvent investir toutes formes vivantes sur terre pour délivrer leurs messages ou diriger les choses à leurs façons, ce qui peut aider mais n’est pas toujours de bonne augure…
Passionnant.
J’ai adoré cette lecture qui in fine, n’est que, comme l’a écrit Aristote : «(…) l’histoire de quelqu’un qui passe quantité d’années loin de son pays (…) Mais le voici qui s’en revient, après bien des tempêtes. (…) Le reste ? Seulement du remplissage. »
Propos recueillis par Sabine Audrerie, La Croix, 29 avril 2021 : En 1947, Paul Claudel confiait son admiration pour un prodige narratif niché dans la note finale du retour à Ithaque, instillant sa résonance rétrospective à toute l’œuvre : «Le maître est rentré chez lui et les siens ne l’ont pas reconnu (...) Les plus sages d’entre ces étourdis apprennent de cet œil fixé sur eux qu’il y a quelque chose de plus redoutable que la haine, c’est la patience.»
Le traducteur Emmanuel LASCOUX :
Docteur en grec ancien, spécialiste d’Homère et de la diction antique, membre du Centre de Recherche en Littérature Comparée (Paris Sorbonne), Emmanuel Lascoux cherche, dans son travail de philologue et d’enseignant, sa pratique de pianiste accompagnateur ou soliste, comme ses récitals de poésie et ses enregistrements, ce que les Grecs pouvaient entendre par mousikòs anèr, cet « homme des Muses » qui devait vivre la beauté. Outre ses travaux sur le sujet (Recherches sur l’intonation homérique, articles sur la voix grecque, la traduction, la variation vocale antique, ou l’intensité dans ses rapports musicaux avec la forme), il est l’auteur de deux livres audio, avec Daniel Mesguich, dans la « Bibliothèque des voix » des Editions des femmes-Antoinette Fouque, L’Iliade des femmes, et L’Odyssée des femmes, parcours bilingues dont le premier a été distingué par un « coup de cœur » 2017 de l’Académie Charles Cros, ainsi que de Mots d’un regard, correspondance poétique avec l’artiste plasticienne genevoise Isabelle Perez (Editions Notari, Genève, 2016). Il enseigne les langues anciennes en classe préparatoire, à Rouen.
Bravo pour cette traduction rythmée et magnifiquement réussie qui a eu l’avantage à minima de me faire enfin lire L’Odyssée et surtout me faire apprécier Homère (un mauvais souvenir d’école si ma mémoire est bonne…).
C'est par le biais de ma fille, en 6ème, qui devait lire ce livre pendant les vacances scolaires, que j'ai décidé le le lire. On en a fait une lecture commune.
J'ai un peu peur de ce genre littéraire, trop classique, trop scolaire et bien non, bien au contraire, j'ai pris un réel plaisir à découvrir cet ouvrage, d'autant plus qu'étant enfant, j'étais fan de du dessin animé Ulysse 31, que ma génération doit connaître.
D'avoir lu ce livre m'a permis de mieux comprendre le dessin animé, de faire des parallèles.
Il est vrai qu'il est difficile de retenir tous les noms des dieux et personnages grecs, mais avec une bonne prise de note durant la lecture, tout ce passe à merveille.
Belle histoire avec des dieux et des déesses.
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