"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Herik Hanna était à l’origine de l’album 7 détectives et de sa déclinaison, Détectives. Comme son titre l’indique, le scénariste nous embarquait dans un univers riche de très nombreuses référence policières : Miss Marple, Hercule Poirot, Maigret ou encore Sherlock Holmes. Les intrigues étaient finement menées et les dialogues témoignaient de la pertinence des observations des détectives.
Ici, dans sa nouvelle BD, Herik Hanna nous invite au déferlement des violences de douze tueurs. On retrouve la goût de l’auteur pour les multiples personnages mais également sa grande connaissance des codes. Et le code suprême est le silence. Tous les personnages se toisent, se surveillent se lancent des piques avant de porter un coup plus violent. Le secret et le silence sont les deux tenants de ce scénario. On saura peu de choses de ces tueurs. On saisit ici et là des liens qui existent entre ces êtres patibulaires. On voudrait y voir plus clair mais ce n’est pas le but. Ces hommes et femmes sont ici pour se débarrasser des autres. Là où on pouvait voir un simple exercice de tuerie, cette BD est une mise en scène sous tension de cette confrontation.
Hervé Boivin, le dessinateur, explore justement le silence qui inonde cette histoire. Il prend le temps de regarder et de croquer chaque endroit de l’hôtel ou chaque lueur dans les yeux des personnages. Le dessin prend le temps, allié de tous ces tueurs. C’est dans les détails que se nichent les particularités de ces tueurs. Leurs intentions sont dissimulés. Leur jeu n’est jamais à découvert. Mais il faut se méfier, tout le temps. La tension grandement décuplée est perceptible de bout en bout de cette histoire. En travaillant sur les perspectives et les angles de vue, le dessinateur fait de l’hôtel un terrain de jeux et de combat. C’est une mise en scène précise et rythmée qui nous est offerte.
Douze, un nombre hautement symbolique puisque correspondant au nombre d’apôtres ou de mois dans une années. En mathématiques, douze est considéré comme un nombre sublime. Et dans la mythologie, il est le nombre de Titans ou la quantité de travaux devant être effectués par Hercule.
Douze, c’est dans cet album éponyme le nombre de personnes disposant d’un carton d'invitation envoyé par l’Hydre afin de se retrouver dans ce palace niché dans les Alpes enneigées.
Ces onze hommes et une femme ont été conviés par leur hôte parce qu’ils sont les meilleurs dans leur domaine. Le dîner de l’Hydre est un rendez-vous très sélect dans un endroit qui l’est tout autant et qui sera déserté durant la semaine par tout son personnel. Mais certaines règles sont à respecter pour pouvoir y assister. Tout lien avec l’extérieur doit être banni et les clés de voitures doivent être remises à l’arrivée. En effet, rien ne doit pouvoir modifier l’ordre des évènements. Ou plus exactement, ces onze hommes et cette femme vont devoir par leurs actes prouver qu’ils ou elle seront le ou la meilleure. Et pour cela, il n’en restera qu’un ou une. Alors le tenant du titre le gardera-t-il son trophée trois ans après la précédente rencontre ?
Douze est ce qu’on peut appeler un polar glacial signé Herik Hanna, Hervé Boivin et Gaétan Georges. Cet hôtel perdu dans les montagnes est le parfait endroit pour que se déroule un huis clos où la tension ira crescendo jusqu’à la dernière page. Les protagonistes ont tous ce qu’on appelle une gueule. Ils sont froids, les sentiments ne faisant pas partie de leur vocabulaire ou de leurs actes.
On ne peut que se poser des questions durant la première partie de l’album sur le pourquoi de la présence de ces durs à cuire dans cet endroit à l'abri des regards indiscrets. Mais la deuxième partie du récit comble très rapidement les interrogations et c’est par un implacable déchaînement de violence, de ces professionnels prêts à tout pour s’imposer, que viendra la réponse attendue.
Une bande dessinée qui fait froid dans le dos, puisque c’est bien à cet endroit que l’Hydre devrait marquer les participants à ce jeu des plus meurtriers.
C'est le post consacré au roman graphique de ce mois de décembre : il s'agit d'un thriller très efficace paru chez Delcourt. Sa publication date du 8 novembre, le titre pratique un mélange des genres qui m'a plu, entre roman policier, d'espionnage et un petit zeste de roman d'aventure. En langage bd, il s'agit d'un one-shot, c'est-à-dire qu'il que son histoire s'ouvre et s'achève ici, ce n'est pas le premier album d'un cycle. Les trois artistes qui ont collaboré à l'élaboration de cet album sont les suivants : le scénariste, Herik Hanna, a participé à la série tirée de 7 Détectives (Delcourt), l'illustrateur Hervé Boivin a exercé ses talents dans la série historique le Sabre et l'Épée (Delcourt) qui prend pour cadre la Chine médiévale et le coloriste Gaétan Georges a mis son nom la série de superhéros Masqué (Delcourt).
Si j'affirme que le roman graphique est très efficace, c'est que Herik Hanna le scénariste s'est indéniablement inspiré d'Agatha Christie, on y retrouve d'ailleurs un clin d'oeil lorsque l'unique protagoniste féminin est crayonné en train de bouquiner sur l'un des sofas de la grande pièce principale. La trame, quant à elle, est visiblement inspirée de (au moins) deux de ses plus grands romans, selon mes goûts : Les quatre ainsi que Ils étaient dix. du premier, on relèvera la ressemblance des titres, ainsi que l'appellation de chacun des hôtes : numéro 1, etc. du second, on notera les points communs au niveau du contexte – un huis clos, ici un hôtel, là sur l'île d'Agatha Christie, une grande maison, isolée au milieu de nulle part. Sans oublier le déroulement de l'histoire, qui nous permet de découvrir l'un après l'autre chaque de ces Douze soldats, mais j'arrête ici mes comparaisons, et vous laisse le plaisir de la découverte. Immanquablement, le scénario du roman graphique est haletant et l'héritage de la romancière anglaise a ma foi été bien exploité.
Un roman (graphique) policier certes, mais qui a cet arrière-goût de roman d'espionnage et d'aventure à la James Bond, qui nous rappelle SPECTRE, ou tout un tas d'individus dissemblables sont réunis pour lever le voile sur l'identité d'un criminel recherché qui se fait appeler L'Hydre. Celui-ci a en effet pour habitude de réunir à l'occasion d'un dîner les plus grands criminels qui soient. On retrouve tout un groupe de personnages divers et variés, parfois un peu caricaturaux tel le frère jumeau d'Ivan Drago de Rocky IV en la personne de William H. Smith, le numéro 7, le gros dur de service et sa coupe à la brosse inoubliable. L'ancien membre des services secrets, le vieux colonel raciste et colonialiste, cher aux enquêtes d'Agatha Christie. Toute cette assemblée cohabite tant bien que mal tandis que l'hôte brille par son absence alors que les premiers cadavres vont apparaître (sur ce point-là, l'inspiration de la Reine du crime est indéniable également).
J'ai aimé le scénario, forcément au vu des sources d »inspiration du scénariste, j'ai un faible pour les planches qui présentent le décor extérieur et celles qui se présentent en une page entière, là où les bulles ne sont pas nécessaires pour apprécier la scène et pour le personnage féminin, peut-être parce qu'à part les jumelles il n'y a qu'elle finalement qui ait une réelle consistance. Ancien policier allemand, ancien de la DGSE, ancien espion, commandant présumé mort, toute la crème de ce qu'ils nomment la « purple list » d'Interpol, aka les criminels inscrits sur la top-liste des personnes les plus recherchés par Interpol. Ce qui laisse deviner de belles confrontations assez explosives entre nos douze va-t'en guerre. C'est ici que l'intrigue se détache un peu du flegme et de la modération anglais qui règne chez l'autrice britannique, la seconde partie du roman graphique est assez sanglante, les balles comme les corps criblés et les révélations pleuvent comme à Gravelotte.
C'est cette intrigue à la Agatha Christie, moulée dans un mélange d'ancien et de moderne de certains personnages un peu poussiéreux, qui fait de ce roman graphique, on passe un bon moment, je crois que cela peut faire un beau cadeau pour Noël. La fin pourrait bien vous surprendre, elle m'a prise à revers, dans un ultime hommage à Agatha Christie, totalement dans l'esprit de ses dénouements que vous n'avez pas vraiment vu venir.
Le pitch est simple, un jeu de massacre en huis clos. Une lecture idéale pour Halloween (je sais, c'est passé). Amateur de tension et hémoglobine, vous êtes au bon endroit.
Le récit se déroule le temps d'une soirée. Un seul dîner mortel, sans surprise, chacun des convives sait où il met les pieds. Mais nous, non. Nous découvrons sur une bonne moitié de l'histoire qui est qui, et pourquoi il est présent dans cette pièce.
12 personnes à découvrir, ça fait beaucoup de monde mais l'auteur arrive habilement à nous les présenter sans plomber le récit. On a l'impression d'être à leur côté et de passer d'un groupe à l'autre pour écouter leur conversation et apprendre à les connaître.
Puis arrive le dîner, et l'after sanglante qu'on nous a promis.
On passe alors d'un habile cluedo à une chasse à l'homme rythmée, tendue. Gunfight à gogo, avec quelques échanges par ci par là qui permettent de créer des liens intimes entre les différentes victimes. C'est très récréatif, et j'ai trouvé le montage de cette séquence très cinématographique.
Et ce qui semble être un carnage de masse arrive tout de même à nous faire réfléchir sur le pourquoi de cette soirée, grâce à des rebondissements dans les révélations sur les différentes identités.
Jusqu'à ce cliffhanger final qui est, pour moi, trop vite expédié. Je suis resté sur ma faim avec ce dernier visuel, en ayant presque l'impression d'avoir loupé quelque chose.
Il faudra attendre le dernier acte pour avoir toutes les clés du mystère, et replonger une seconde fois dans ce récit pour redécouvrir l'histoire d'un autre œil.
Une lecture agréable qui aurait été une belle pépite avec quelques pages supplémentaires.
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