"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Nathan a quitté très tôt le domicile familial après une querelle avec son père, laissant ses parents mais aussi son frère Gabriel de 8 ans. Lors de ses brefs retours, il ne réussit pas à rétablir le contact avec l’adolescent qu’est devenu son frère. Lorsque Gabriel se tue dans un accident de voiture, Nathan se rend compte qu’il ne sait rien de lui. Il rentre pour l’enterrement et va essayer de comprendre ce frère en marchant dans ses traces. Il va peu à peu entrer dans le groupe d’amis de Gabriel, des « saltimbanques » qui se produisent dans des fêtes l’été.
Dans cette quête de son frère on peut se demander si ce n’est pas lui qu’il cherche.
C’est un livre mélancolique et triste, tristesse des parents, tristesse du groupe d’amis de Gabriel qui finira par éclater après sa disparition, tristesse de Nathan qui erre, ne parvenant pas à reprendre sa vie d’avant.
François Picrette a su imprégner son livre d’une véritable atmosphère, parfois pesante mais bien présente grâce à son écriture fluide et précise.
Un premier livre prometteur.
Né en 1991, François Pieretti a grandi en région parisienne au fin fond de la Seine-et-Marne. Miraculeusement diplômé grâce à de nombreux stratagèmes ayant peu à voir avec l’apprentissage, il est surtout fier de son permis qui lui permet de se balader où il veut. Il aime les voix de radio tard le soir ou tôt le matin, les villes de petite taille, les rivières, observer les gens dans leur vie quotidienne, lire les romans de Jim Harrison, Julien Gracq, Patrick Modiano, Gabriel García Márquez ou Paul Auster, et passer de longs moments avec les chiens des autres, en attendant le sien. Saltimbanques son premier roman publié aux Éditions Viviane Hamy c'est un peu tout cela à la fois.
Plusieurs années auparavant, j’avais suivi mon père sur un long trajet, vers Clermont-Ferrand. Parfois il me laissait tenir le volant sur les quatre voies vides du Sud-Ouest, de longs parcours, la lande entrecoupée seulement de scieries et de garages désolés, au loin. Je conduisais de la main gauche, ma mère ne savait pas que j’étais monté devant. C’était irresponsable de sa part, mais la transgression alliée à l’excitation de la route me donnait l’impression d’être adulte, pour quelques kilomètres. Mon père en profitait pour se rouler de fines cigarettes qu’il tenait entre le pouce, l’index et le majeur. Sa langue passait deux fois sur la mince bande de colle. Il venait d’une génération qui ne s’arrêtait pas toutes les deux heures pour faire des pauses et voyageait souvent de nuit. J’avais un jour vu le comparatif d’un crash-test entre deux voitures, l’une datant des années quatre-vingt-dix et l’autre actuelle. Mon frère et sa vieille Renault n’avaient eu aucune chance. Nathan revient dans sa famille, qu’il a quittée précipitamment il y a une dizaine d’années, pour assister aux obsèques de son jeune frère Gabriel. Il ne l'a finalement que très peu connu.
Saltimbanques c'est l’histoire d’un homme qui revient au pays et qui court derrière un fantôme. Le narrateur se glisse dans les pas de son frère, fréquente ses amis jongleurs et tente de se fondre dans le souvenir de l’adolescent disparu, mais il n’assiste qu’aux derniers instants du groupe, celui des Saltimbanques, voué à se dissoudre. Nathan tente de se fondre dans la peau de Gabriel pour connaître ce frère dont il n'a qu'une vision floue et de se créer des souvenirs qui n'ont jamais existé. Nathan poursuivra son chemin. Son errance le mènera à Christian et sa fille Marie mais également à un chien. Christian malade est au bout du chemin de la vie. Il échange beaucoup avec Nathan, ce qui permet à ce dernier de mieux se connaître. Et si finalement c'était lui-même que Nathan cherchait ?
François Pieretti aime observer le temps qui s'écoule. Il aime cueillir au gré de ses déplacements tous ces petits instants tellement révélateurs. C'est justement sur le chemin de ceux-ci qu'il promène le narrateur. Lentement Saltimbanques se dévoile au gré des rencontres et des introspections. Le tout est saupoudré de mélancolie et délicieusement servi par la belle plume de l'auteur. Pour autant et bien que l'éloge de la lenteur ne soit plus à faire, la lente errance existentielle de ce grand frère m'a quelque peu décontenancée. Je suis restée en rade au bord de la départementale.
https://the-fab-blog.blogspot.com/2019/08/mon-avis-sur-saltimbanques-de-francois.html
Clap de fin pour la première session 2019 des "68 Premières fois". Et, quel final ! Le premier roman de François Pieretti, "Saltimbanques", m’a transportée, émue aux larmes, remuée, troublée, enchantée. Je viens de tourner la dernière page et je ne sais pas comment vous dire, je ne sais trop par où commencer. Bref, je suis sans voix.
Pourtant, quelques mots continuent de me trotter dans la tête :
- Frère : Nathan, l’aîné quitte très jeune la maison familiale, lassé des relations difficiles qu’il entretient avec son père. Outre ses parents, il laisse derrière lui son petit frère Gabriel, huit ans, pour partir vivre sa vie à Paris. On ne peut pas dire que cette vie soit magnifique, faite de petits boulots, sans véritables amitiés. Il lui arrive de revenir mais Gabriel semble avoir tiré un trait sur l’absent. A chaque retour de ce dernier il s’arrange pour déserter. Mais "Saltimbanques" c’est aussi, nous allons vite le constater une histoire de frère de cœur, tel Bastien qui connaissait bien Gabriel "Bastien ressemblait à un frère d’armes dans la déroute".
- Deuil : Lorsque le roman débute, Nathan est à nouveau en route vers les siens. Mais cette fois, Gabriel aura définitivement disparu. Il s’est tué dans un accident de voiture. Il avait dix-huit ans, venait de passer son bac et ne saurait jamais s’il l’a obtenu ou non. Nathan ne va avoir de cesse de rencontrer ce frère qu’il ne connaît plus, d’essayer de comprendre qui il était. "Il fallait que je parte à la recherche de Gabriel. Tout sauf cette vision floue de l’enfant frondeur qu’il n’était plus depuis longtemps." C’est à un travail de deuil que nous convie l’auteur.
- Amour : L’amour m’a semblé présent partout. L’amour parental mal exprimé, souvent tu même, caché dans les recoins. L’amour fraternel d’un grand pour un petit, trop inconnu. L’amour charnel pour Appoline, aimée, désirée de tous, y compris de Nathan, elle amoureuse de Gabriel. Des amours malheureuses, compliquées, niées, laissées à l’abandon.
J’ai aimé ce roman pour ses personnages, tous cabossés par la vie, et particulièrement Nathan qui semble survoler la vie, indifférent à tout et pourtant…. Une galerie majestueuse d’hommes et de femmes qui se battent pour vivre tant bien que mal, qui aiment mal, qui vivent mal mais qui avancent. Je l’ai aimé pour l’absence de pathos. Tout est fin, élégant dans l’expression du chagrin des uns et des autres, digne, tout en retenue. Je l’ai aimé pour ces "Saltimbanques", troupe dans laquelle Gabriel a trouvé sa voie, une famille, troupe qui accueille Nathan dans sa recherche du passé. J’ai aimé l’écriture de l’auteur, fluide, belle, toujours nuancée.
Ce roman m’a bouleversée, au point de ne pas mentionner un petit bémol, le séjour breton. Marie, Christian, le chien et tout le reste, un moment hors du temps, de l’histoire, mais peut-être était-ce un passage obligé entre la mort et la vie.
Un premier roman superbe qui m’a laissée, le temps de sa lecture, les larmes au bord des yeux mais un immense plaisir de lecture.
https://memo-emoi.fr
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !