"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quel dommage que cet album ne soit plus au catalogue de l’éditeur ! C’est vraiment une œuvre originale et surprenante qui mériterait d’être rééditée en cette période de commémoration !
Elle se déroule dans les années 20, les stigmates de la Grande guerre sont encore présents dans les âmes et dans les corps : Théo de la Roche Gouanvic est revenu du front défiguré et marqué par les horreurs vécues dans les tranchées. Il faisait partie du régiment spécial des « caméléons » avec son ancien condisciple des beaux-arts, Vincent le Gagneur. Ensemble, ils étaient chargés de camoufler les batteries de canons et de peindre des trompe-l’œil pour dissimuler les tranchées. Toujours en première ligne, ils se battaient avec leurs crayons mais servaient tout de même de chair à canon et le jour où Vincent a été grièvement touché, Théo a achevé son ami par pitié … Pitié ? pas si sûr…
Il y a en effet une femme entre les deux hommes : la belle Elsa, riche héritière d’un marchand d’art qui était la femme de Le Gagneur et s’est ensuite remariée avec Théo devenu peintre à succès grâce à sa « nouvelle manière » proche du cubisme. Mais le passé refait surface. Et chacun des protagonistes en véritable « caméléon » cherche à survivre et n’est pas ce qu’il paraît être…
Le scénario (malgré la petite faiblesse des codes beaucoup trop faciles à décrypter !) est très bien ficelé. Il est également documenté sur le plan historique et cite des peintres qui ont réellement vécu la grande guerre comme Méheut, André Mare et Otto Dix. Les dessins de Le Hénanff quoique parfois inégaux (surtout dans les gros plans des héros) sont globalement magnifiques : dans une dominance de bruns, gris et rouge sang , palette chère à l’artiste, ils dépeignent fort bien l’atmosphère du Paris des années folles et dans les flash-backs ( cauchemars du héros) l’enfer des tranchées. Parfois les dessins sont en pleine page (voire double page !) avec quelques incrustations, parfois on observe un découpage quasi cinématographique avec multiplication des plans en une seule page. L’ensemble est toujours dynamique et proche parfois de l’univers d’Otto Dix ou d’André Mare. Un coup de maître !
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