"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Emi, Lucette et la coiffeuse » est, selon Librinova, un premier roman. Il est indéniable que l'autrice, Evelyne Larcher, a le sens de l'observation des jeux de pouvoir et des relations de proximité qui peuvent faire vivre ou détruire le tissu social d'un quartier des faubourgs. Comme l'annonce la 4e de couverture, la mère d'Emi a été agressée. Elle gît actuellement dans le coma. Lucette, ancienne assistante sociale, découvre dans ce fait divers toutes les raisons du monde de se mobiliser pour trouver le ou la responsable. Belle occasion pour elle de se désennuyer et de régler ses comptes avec son entourage qu'elle observe et juge facilement.
Evelyne Larcher maîtrise la création de personnages haut en couleurs. Même si elle flirte parfois avec la caricature, elle fait vivre et cohabiter des protagonistes d'âges, d'origines, de centres d'intérêt et de valeurs différents. Ce patchwork ne peut que dynamiser, voire dynamiter son récit. A relever, pour exemple, la truculence d'une Lucette aux expressions et à l'accent chantant de la Guadeloupe. Au coeur du récit, cette Mam des îles règne sur son petit monde et c'est parfois drôle, souvent touchant même si c'est quelques fois énervant de voir tant d'énergie dépensée à épier le voisinage, à le jauger, le manipuler sous prétexte de le sauver.
Un regret, tout de même. Si l'autrice propose une brochette de personnages riches de leur diversité, l'histoire peine à trouver son souffle, à s'imbriquer dans une articulation limpide et sans conflit entre les idées et sujets abordés. le lecteur que je suis, plus d'une fois, a perdu le fil, n'a pas compris les transitions, les ruptures, arrêts et redémarrages dans de nouvelles directions, intéressantes, certes mais digressives. L'enquête menée à propos de l'agression de Adèle, maman de Emi, se dilue parfois dans la poursuite d'analyses psycho-sociales intergénérationnelles ou l'analyse des différentes couches sociales et la manière de s'y imposer. Or, ces analyses dispersent et se révèlent sans apport nouveau ou consolidation de la cohérence du récit initial. de plus, quelques usages de termes à la signification alambiquée et trouvant difficilement leurs places dans le cadre de l'histoire de la ponctuation ou choix des termes compliquent également ci et là la lecture …
Bref, alors que j'aimais l'histoire qui me rappelait un jeu théâtral vu il y a des années qui déclinait le thème d'une populaire cité joyeuse et des échanges explosifs et comiques qui en nourrissaient le quotidien, j'ai regretté, ici, le manque de rythme dans l'expression du récit. La mélodie est là, riche de la variété des personnages mais il n'y a pas – ou trop peu – dans l'écriture de temps d'arrêt, de silence, de pause permettant une résonnance donnant de l'ampleur à l'histoire. Les faits sont contés, sans plus, sans alternance de temps forts et de temps faibles, donc de rythme. de plus, la typographie, elle-même, le découpage en paragraphes ne m'est pas apparue au service d'une plus grande dynamique du récit. le lecteur que je suis n'a pas toujours su sur quel pied danser , Funambule, en équilibre entre l'avidité d'avancer dans le travail d'enquête et, en même temps, le désir d'avoir des temps de pauses, d'arrêt pour imaginer des suites possibles avant qu'elles ne me soient imposées par la linéarité monocorde du style de l'autrice.
Il me restera, à propos de ce roman « Emi, Lucette et la coiffeuse » un avis mitigé basé sur l'envie de passer à autre chose, mais aussi de rencontrer mon désir de poursuivre la découverte de cette plume inventive qui, j'en suis sûr, progressera et développera une souplesse et une dextérité dans l'art de conter. A coup sûr, une autrice qui, au fil du temps, pourra compter dans le paysage de l'autoédition.
J'ai vraiment bien aimé cette incursion dans cette rue du quartier de l'Est parisien.
Ses habitants, ses commerçants. Une rue calme et tranquille.
Enfin, calme jusqu'à l'agression d'Adèle, la mère de la petite Emi.
J'y ai faits alors la connaissance des habitants de cette rue, principalement ceux de deux immeubles se faisant face.
Des êtres pittoresques. Principalement man Lucette, croisement entre Jocelyne Béroard (Kassav) et Mme Colombo. Une femme aussi truculente que passionnante.
Petit à petit, sur les pas de "man Lucette", on découvre les petites et grandes manies, mais surtout les petits et grands secrets de chacun de ces résidents. Au fur et à mesure que les valises s'ouvrent. Ce qui n'est pas sans me rappeler les écrits d'un certain René Fallet...
J'ai eu l'impression de me retrouver moi-même locataire d'un de ces immeubles, accoudé à la rambarde de mon balcon, observateur silencieux de tout ce petit monde. Témoin anonyme des dits et non-dits de tous ces citoyens bien sous tous rapports (en principe...).
La sensation d'être spectateur de l'enquête qui s'avère complexe. Et Dieu sait que cette investigation à la recherche de la vérité va se révéler pleine de rebondissements, de péripéties, entre le mutisme de certaines (certaines), les bavardages, les confidences et les taciturnités des uns et des autres.
C'est fluide à lire, sans temps morts. L'humour, le mystère font acte de présence en permanence. On se laisse aisément aller à mener nous-mêmes l'enquête. Et les pistes pour nous embrouiller ne manquent pas.
Tout le monde y passe et est susceptible d'être coupable. Et plus les secrets se dévoilent, plus on entre dans l'intimité des protagonistes, et plus on se pose la question : Mais qui a agressé Adèle ?
Vraiment, j'ai eu plaisir de faire ce bout de chemin en compagnie de "man Lucette", d'Emi et des autres.
Mes félicitations à Évelyne Larcher et merci pour ce voyage pictural et plein de fantaisie dans son imaginaire.
Est-il utile de vous recommander ce roman ? Si vous souhaitez passer un bon moment d'évasion et de délassement, la réponse va de soi.
C'est plus qu'un polar, c'est une ode à la vie de quartier. Une chose est sûre : quand on lit se livre, on a l'impression d'être dans son propre quartier tellement la description de chaque personnage est réelle. Lucette, la "mama" des îles, Rachid, l'épicier "magrében", Huguette la représentante du quartier, les ragots, tout le monde se connaît, s'observe, etc. On peut également apprécier les petits clins d'oeil au fait réel tel que l'évocation de séries télévisées françaises, de film (comme El laberinto del fauno, de Guillermo Del Toro, film que j'adore et dont je ne me lasse pas). J'avoue que mon coup de coeur est pour la "Mama" : je ne suis pas très visuelle mais avec ses paroles (marquées en créole parfois), je l'imagine très bien !
Bref, dans ce roman, on suit les péripéties de Lucette : elle va aider Emi à se sentir bien malgré l'agression de sa maman, mais également essayer de réconforter le père. Et puis il y a sa relation avec sa fille. Et finalement sa relation tout simplement avec le quartier. On est vraiment au-delà d'un roman policier, c'est vraiment toute une vie de quartier qui est décrite avec ces moments de bonheur et de doute.
J’ai bien apprécié ce roman. Selon moi il peut convenir autant aux adolescents qu’aux adultes. On peut donc le lire en famille et en parler ensuite.
Les idées sont intéressantes et l’enquête originale. En effet ce ne sont pas les inspecteurs de police qui sont au centre de l’histoire ni l’agresseur mais une mamie guadeloupéenne assez originale.
Tout au long de l’histoire nous assistons en plus de l’agression à la vie de quartier, aux manies des habitants, à la routine… L’auteure ne crée pas juste des personnages, elle leur fabrique aussi un passé, un quotidien et une vie tout simplement.
Les retournements de situations ne sont pas nombreux dans ce roman. Cela fait plus penser à une histoire de vie quotidienne avec une petite enquête à mener.
L’agression est présente mais pas assez mise en valeur selon moi quand elle arrive. D’ailleurs le roman commence après cette scène, un peu comme si le lecteur arrivait alors que tout était déjà terminé. C’est un peu frustrant, l’agression n’est alors que paroles rapportées…
Concernant les descriptions elles sont bien écrites dans l’ensemble. J’aurais peut-être voulu un peu plus de détails durant certaines scènes moins décrites mais tout de même importantes.
Certaines situations sont un peu décrites trop rapidement sans être approfondies en détails.
Les chapitres sont d’une bonne taille et le style de l’auteure est fluide et agréable à lire.
J’ai bien apprécié le fait qu’Evelyne Larcher ajoute dans son récit des mots créoles. On en demanderait encore plus ! L’auteure met aussi quelques mots plus courants en arabe.
La fin est dans la lignée du roman. On y retrouve tous les personnages ce qui est assez original.
En résumé, si vous aimez lire les romans en famille, les grands-mères créoles et les petites filles un peu bavardes, sans oublier les chats alors il n’y a pas de doute, ce roman est fait pour vous !
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