"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au cas présent, l’indélicatesse vise plutôt une entourloupe, une malhonnête plus qu’une impolitesse. Dans la famille Bovary, l’indélicatesse se transmet de génération en génération. L’héritier, Xavier, qui est aussi le narrateur, a tous les ingrédients du bonheur. Il partage sa vie avec son épouse vénérée, la sublime ex mannequin biélorusse Anastasia et deux enfants adorables.
Xavier réussit pleinement dans son métier de dermatologue avec la reconnaissance de toute sa parentèle. Pourtant, il ressent un mal être qu’il explique difficilement par le refoulement de certaines choses ou sa différence de classe avec son épouse.
Le catalyseur va être le legs de son grand père à effet différé le jour de son 50e anniversaire. Sans explication, il rentre en possession d’un revolver qui va innerver son existence.
Xavier déroule dans une langue superbe tous ses souvenirs d’enfance pour identifier un message mystique de ses ancêtres aux origines multiples, italiennes ou finlandaises.
L’irritabilité permanente de son grand-père envers la grand-mère l’interpelle. La lecture de piles de lettres d’amours de ses aïeuls lui ouvre une piste sur ce qui défait les familles. L’arme, son nouveau compagnon secret, peut-elle apporter la solution à son propre mal être ? Sa recherche effrénée conduit Xavier à développer un brin de folie que chacun a peut-être en lui.
Frustré et mal préparé à la vie par son enfance dorée, Xavier porte en lui une jalousie trop longtemps mijotée qui ne demande qu’à exploser. L’arme sera-t-elle son bras armé ?
L’indélicatesse est un titre paradoxal tellement l’écriture est délicate et l’histoire noire ; au final, de graves questions se posent autour du capital de folie individuel, de la jalousie et de la culpabilité.
Erik Martiny a le don de tenir le lecteur en haleine. Son humour et des personnages attachants contribuent à distinguer ce livre au style fluide parfois amusant, troublant mais tellement réussi.
Un livre original, on suit un narrateur dermatologue, bien sous tout rapport, marié à une femme magnifique et avec 2 enfants. Il a une vie tranquille jusqu'au jour où un curieux héritage lui tombe dessus.
Le narrateur nous raconte ses pensées, sa vie et son point de bascule, il entremêle son passé, son enfance, ses grands-parents. Au départ, on se demande qu'est-ce qui a pu faire basculer sa vie, puis quelles décisions il va prendre suite à cet imprévu. Le style est alerte, drôle, il y a des digressions pour bien nous faire comprendre la psychologie du personnage, l'auteur arrive toujours à nous embarquer et nous faits aller de surprise en surprise. On tourne les pages pour savoir jusqu'où est allé le narrateur, matinée de références littéraires et d'autodérision, un livre qui se déguste et qui vous fera passer un bon moment de lecture.
Un feu d’artifice !
Un roman pétillant, frénétique.
« L’indélicatesse » est un roman contemporain, à tiroirs, intuitif et superbement intelligent.
Une des plus belles leçons de littérature. Un séisme mental, un sacré tout de force !
« Les plus grandes haines se produisent à la cuisine. » Amélie Nothomb
« Comme son père avant lui, mon père vécu son anniversaire des cinquante ans comme un enterrement sans espoir. »
Côté ville, Xavier Bovary est un dermatologue. Quelconque d’apparence, un peu terne, il se projette dans sa profession, tel un exutoire.
L’épiderme est sa toile de maître. La peau, pour lui, le reflet d’une personnalité. Il scrute, cherche, fouille, la transmutation assumée. D’aucuns ont droit à son coup d’œil, son observation discrète, telle une loupe en repère du moindre indice de confusion. Il est obnubilé par le plus minuscule bouton, le moindre symptôme. C’est un homme fragile, un anti-héros. Effacé par l’ombre de sa femme Anastasia, dont l’aura est impressionnante. Elle élève leurs deux jeunes fils. Sans travail côté ville, elle est en plongée dans une domesticité assumée. Trop belle pour lui, lymphatique, elle semble comble de secrets, de mystères. Pourtant, elle ne laisse rien transparaître.
Ce roman est un kaléidoscope. Xavier Bovary conte sa vie. Ses parents, ses grands-parents, la nostalgie l’éreinte.
La trame est un halo de souvenirs, d’entrelacs de tendresse, de rappels pavloviens.
On marche sur le même fil rouge que l’auteur, Erik Martiny.
Dans un olympien maîtrisé à l’extrême, une histoire rémanence, qui pourrait subrepticement être la notre. Si, si, notre grand-père avait fait la même chose. Se voir remette le jour de nos cinquante ans un pli scellé par un notaire. Xavier Bovary reçoit dans un geste posthume un pistolet chargé qui plus est. Il est étonné, sonné, bousculé, glacé. Pourquoi ce pistolet ? Les images de son enfance ressurgissent. Il cherche la raison. Il faudra du temps au temps, des évènements qui vont s’enchaîner dans un crescendo feu-follet.
Ce pistolet dont l’origine est celle d’un grand-père qui l’adorait. Il ne comprend toujours pas. C’est un électrochoc. Il est propulsé dans son passé, entre mélancolie et remords. Le pistolet est un symbole.
« Un jour, mon Gari, tu verras que l’indélicatesse des gens est une chose qui doit être corrigée. »
Il rassemble les pièces du puzzle. Les conventions vont voler en éclat telles des chaises fracassées contre les murs de sa maison bien trop tranquille pour être honnête.
« Je me demande parfois si ce brin de folie qui s’empare de moi de temps à autre n’est pas dû en partie au refoulement de certaines choses. » « Enfin, toujours est-il que le visage d’Anastasia n’avait rien à voir avec celui d’Eva Braun. »
Il va briser ses armures dont il se cuirasse et qui finissent par l’étouffer. Il va bousculer les diktats. Soulever les tapis, étaler la poussière, même si.
Ce roman est une mise en abîme sociologique, psychologique des tragédies enfouies et secrètes. Le passage vers la cinquantaine est un levier pour Xavier Bovary (qui rêvait d’une vie meilleure et ne pouvait s’assumer). La symbiose d’un bovarysme dont le pistolet devient le garant d’un changement de cap. Et quelle métamorphose !
« Bref, vous l’aurez compris à mes yeux, le seul défaut physique de votre mère était qu’elle était trop belle pour moi… Je me suis toujours accommodé du fait d’être relativement fade et sans relief. »
Ce roman audacieux, gai et triste à la fois explore les thématiques fascinantes de l’humain.
Erik Martiny est doué et perspicace. Fin observateur des indélicatesses qui foudroient les altérités et les volontés. Jusqu’au jour, où un pistolet abolira les non-dits et les faux-semblants, les mensonges et les hypocrisies.
Ce roman vif et lucide est grandiose, troublant et épique. Il faut lire et vaciller.
Un parchemin empreint d’humour aussi et de sourires. Du doute, advient une passerelle. Vous l’aurez compris ce livre est du grand art. Salvateur. Publié par les majeures Éditions Le Passage.
Premier roman de l’année 2023, il fera date, sans nul doute, dans la liste de mes lectures. J’aime beaucoup la ligne des Editions Le Passage et jusqu’à présent n’ai jamais été déçue par leurs auteur(e)s. Ce n’est pas Erik Martiny qui fera exception tant j’ai aimé son roman "L’indélicatesse". Une lecture salée-sucrée comme je les aime.
Le héros de cet ouvrage s’appelle Xavier Bovary, il est dermatologue, passionné depuis qu’il est tout petit par la peau. Il a femme et enfants, une femme belle et des enfants en pleine forme. Ainsi tout va bien dans sa vie tant personnelle que professionnelle – sa patientèle est importante – jusqu’à ce passage fatidique de la cinquantaine. Il pensait pourtant avoir échappé à cette fatalité qui avait frappé avant lui grand-père et père à cet âge…Si vous lisez la quatrième de couverture, vous en saurez davantage. Pour ma part, je préfère taire la suite.
N'ayant été ni prof de math, "Depuis l’ère digitale, ils me paraissent aussi désuets que des vieux métiers à tisser", ni notaire, "J’ai toujours perçu les notaires comme des escrocs assermentés, des sortes de voleurs accrédités par l’Etat.", je n’ai aucune raison d’en vouloir à l’auteur. J’ai donc aimé, voire adoré son roman et ce pour de nombreuses raisons. D’abord j’ai trouvé l’écriture fabuleuse, travaillée à l’extrême et, malgré les nombreuses digressions et retours en arrière, jamais ennuyeuse. S’il dérive de cette façon, c’est bien pour ménager ses enfants – la suite du récit qui leur est destiné sera tout de même très difficile à encaisser – et le suspens, par la même occasion. Et il a réussi, il m’a tenue en haleine jusqu’au bout. J’ai aussi beaucoup aimé les personnages tous magnifiquement décrits et mis en scène avec toujours beaucoup d’humour – souvent noir – qui en fait tout le sel. Car dans ce roman, il y a du rire, des grincements de dents, presque de l’horreur aussi parfois – les passages à teneur dermatologique ne sont pas toujours des plus "glamour" – beaucoup de nostalgie heureuse ou pas, de mélancolie, jusqu’à une fin qui m’a vraiment noué la gorge.
Flamboyant, amusant, intéressant par ses nombreuses références littéraires, véritablement passionnant, "L’indélicatesse" fut une belle manière de commencer l’année, délicatement.
Je remercie chaleureusement les Editions Le PAssage pour cette lecture en avant-première.
https://memo-emoi.fr
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