"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec ce roman passionnant, à la fois historique, scientifique et policier, Démosthène Kourtovik conte l’Histoire de la Grèce (y compris moderne : occupation germano-italienne, junte militaire…), de l’humanité et de ses origines. Il dénonce la façon plus que désinvolte de traiter le patrimoine : manque de moyens financiers et humains, laxisme et négligence, « indifférence carabinée des autorités compétentes » (p. 26). Certains chapitres sont écrits différemment (par exemple un compte-rendu d’un débat télévisé avec un spécialiste universitaire et un autre judiciaire, ou des notes pour une nécrologie dans les journaux) et ça donne un rythme différent au roman, à l’intrigue. De plus, le lecteur voyage énormément puisque Andromaque et Ion passent par Milan, Gênes, Stuttgart, Münster, Hambourg, Copenhague, Berlin… Et apprend pas mal de choses, par exemple sur les emblèmes (héraldique) avec ici un serpent rouge et un cormoran blanc entrelacés, sur les lebettini (une espèce de secte) et sur la quipu (système de communication des Incas retrouvé sur la ceinture de la momie volée). L’auteur traite de nombreux sujets qui s’intègrent très bien dans le roman (fantômes, sectes et suicides collectifs, érotisme et Art, fétichisme, homme de Néandertal, etc.). La nostalgie des dragons est donc un roman incroyable, enrichissant et je trouve bien dommage que les autres romans de cet auteur grec de génie n’aient pas été traduits en français…
Mon passage préféré
« De nos jours, il est souvent question d’identité. Identités nationales, ethniques, religieuses, sexuelles et j’en passe. Pourtant on ne parle jamais d’identité humaine. C’est aussi contradictoire que malheureux, car jamais auparavant la nature humaine n’était apparue sous un jour aussi ambigu et énigmatique. Nous vivons dans un monde de plus en plus ouvert, de jour en jour plus uniforme. Et malgré cela, le fanatisme et les haines collectives, loin de reculer, s’embrasent toujours plus. Les plus admirables inventions de l’esprit humain sont employées de la manière la plus absurde. Les formes rationnelles de groupes et d’attitudes vont de pair avec une renaissance de la superstition dans ses expressions les plus violentes. Et malheureusement, notre congrès coïncide avec des événements qui confirment tragiquement cette recrudescence de l’irrationnel. Pourquoi tant de gens préfèrent-ils trouver des raisons de mourir plutôt que de vivre ? […] En fin de compte, qui sommes-nous, pourquoi sommes-nous ce que nous sommes, d’où venons-nous ? […] Je ne sais pas si la vérité est libératrice, comme le croyait ma génération, mais il est temps désormais de la regarder en face. » (p. 198-199).
https://pativore.wordpress.com/2016/02/15/la-nostalgie-des-dragons-de-demosthene-kourtovik/
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