"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dystopie convaincante où l’extraction des souvenirs est montée en petits films éphémères au service d’une société qui se goberge de cette activité. Véronica, qui est réalisatrice, peine à trouver une nouvelle inspiration et s’interroge sur sa pratique (« ce que je fais est-il de l’art ou du voyeurisme ») et sur sa possible amnésie (« est-ce que je sais tout de moi » ?). Elle est elle-même une « âme fragmentée », celle du titre justement.
L’imagination, les émotions, les questionnements, la qualité d’écriture, sont au rendez-vous et les personnages sont attachants, principalement les femmes.
Je ne suis pas sûre d'avoir compris grand-chose techniquement parlant, mais le but n’est, semble-t-il, pas d’être compréhensible mais plutôt de sauter de rebondissements en révélations, tous très réussis ; il est aussi de lancer une réflexion sur le rôle de la mémoire et des traumatismes (le sujet rejoint celui du film « Minority report »).
J’ajoute que, à la lecture de ce livre, il semble bien difficile de ne pas s’interroger sur ce qu’il adviendra de nous lorsque l’intelligence artificielle aura définitivement intégré nos outils quotidiens…
Lu dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette belle aventure et ses découvertes enthousiasmantes, déroutantes, intéressantes (comme celle-ci).
Véronica Mora est une réalisatrice de 34 ans. Son dernier filmémoire est un échec cuisant. Elle a perdu l'inspiration depuis plusieurs années. Elle ressent un grand vide en elle qu'elle n'arrive pas à expliquer. Un jour, Véronica reçoit à son domicile une mémosphère non triée. Les souvenirs appartiennent à Joachim Beckett criminel, trafiquant de souvenirs et inventeur de l'extraction mémorielle, procédé qui permet d'extraire la mémoire des personnes. Dans un des souvenirs elle s'aperçoit nue de dos, Beckett l'embrassant sur la nuque. Impossible elle ne le connaît pas et ne l'a jamais rencontré. Qui lui a envoyé cette mémosphère et pourquoi ? Aidé de sa mère et de sa compagne Rémi, Véronica
Vous vous demandez ce qu'est une mémosphère ou un filmémoire ? Je vous invite à vous plonger dans cet excellent roman d'anticipation. Rien de compliqué ni d'extravagant je vous rassure.
L'autrice a su parfaitement créé un futur pausible où les changements climatiques ont eu de nombreuses conséquences humaines, sociales, sociétales et économiques. Il n'est plus question de monnaie par exemple mais d'unité carbone. Tout est subtil et parfaitement dosé. Je me suis plongée facilement dans ces évolutions futuristes. Au départ comme avec tout roman de ce genre je tâtonne un peu, je veux absolument tout comprendre de ce futur indatable et je me pose beaucoup de questions. Et puis finalement je me suis recentrée sur l'essentiel : la quête de Véronica.
L'autrice a réussi à développer sa construction narrative pour la rendre captivante. Elle distille intelligemment les révélations et navigue entre le thriller et le drame psychologique. Petit à petit on découvre l'âme de Véronica, ses ressentis, ses sentiments, ses doutes, ses douleurs. Il m'a toutefois manqué un tout petit quelque chose pour que la tension émotive, qui va crescendo, me cueille complètement.
J'ai beaucoup aimé cette lecture. J'ai trouvé que pour un premier roman il était original et innovant. Charlotte Monsarrat fait preuve de beaucoup d'imagination et rend le tout très visuel.
J'ai retrouvé des influences de Minority Report avec Tom Cruise notamment dans les scènes de dérushage. Je n'en dis pas plus, c'est vraiment à lire pour s'imprègner totalement.
Le roman est à la fois moderne mais aussi mystique. Il y a des références au chamanisme, à la méditation, au bien-être. Aussi incroyable que cela puisse paraître, cela ne m'a pas choqué de voir ses deux mondes cohabiter. Tout est amené de manière fluide et naturelle.
Le roman porte aussi sur des réflexions profondes de l'impact d'un traumatisme et sur comment il peut être vécu différemment selon les personnes. Oublier un traumatisme dans le sens littéral du terme peut-il permettre une guérison ? Ne vaut-il pas mieux souffrir plutôt que d'être amputé d'un souvenir quand bien même il est douloureux ? Le roman s'interroge aussi sur les dérives de la science et de la société.
Dans un avenir ni proche ni lointain, différent mais par certains côtés similaire au nôtre, la vie semble soumise à de fortes contraintes.
Payer en unités carbone, avoir subi une guerre aux frontières pour contenir les vagues de migrants, ne plus pouvoir tourner de film, trop coûteux, trop gourmand en énergie, en sont quelques exemples
Alors les hommes se sont adaptés.
Et si l'on ne tourne pas de film, on peut extraire la mémoire des défunts et s'en servir pour créer autre chose.
C'est ce qu'a fait Veronica, réalisatrice de filmémoire. Son succès, elle le doit à la réalisation d'un filmémoire sur les SDF.
Depuis, elle vit avec sa femme, Remi. Mais a perdu à la fois son inspiration et le goût de la vie.
Elle reçoit un jour au courrier une mémosphere, qui contient les mémoires d'un homme avec qui elle a vécu mais dont elle ne se souvient pas. Un homme accusé de trafic de mémoires.
Intriguée, elle cherche à comprendre le pourquoi de ces souvenirs, qui et da's quel but les lui a-t-on envoyés. D'autant que cet homme est décédé dans l'incendie de sa maison, mais qu'il avait été déclaré coupable d'avoir extrait la mémoire d'être vivants.
Peu à peu, les souvenirs émergent, et une course contre l'oubli va s'enclencher.
Dans ce monde où la liberté de chacun est soumise à des règles strictes, le souvenir, la mémoire, prennent une importance folle. Démontrant ici que perdre cette mémoire de ce que l'on a été est particulièrement handicapant.
Étrange roman, dystopie pas si farfelue que ça. Où la mémoire et les souvenirs prennent toute leur place dans le cas de traumatismes, où il semble évident qu'il faut travailler avec et pas sans ou contre ce que l'on sait et ce que l'on a vécu, ce que l'on est.
Un roman qui se lit assez facilement contrairement à ce que j'ai imaginé au départ, car aller sur la voie de ces mémosphere, filmémoire, etc était un peu risqué, mais l'autrice s'en sort plutôt bien.
https://domiclire.wordpress.com/2024/07/17/les-ames-fragmentees-charlotte-monsarrat/
Les premières lignes nous expédient dans un monde où la technologie a sérieusement progressé : la narratrice saisit à partir des billes virtuelles de souvenirs qu’il lui faudra trier pour repérer les souvenirs racines, qu’elle utilisera pour monter des « filmémoires ». Ce travail l’a passionnée, et la critique l’a encensée, mais à présent, une sorte d’ennui la gagne, et elle ne parvient pas à se satisfaire de ce qu’elle produit, malgré les encouragements de Rémi, sa compagne.
C’est alors que lui parvient un de ces mémosphères, adressée anonymement, et qu’elle découvre avec effroi. Elle se retrouve dans ces images qui retracent un épisode de la vie d’un homme jugé pour traffic de souvenir et décédé dans l’incendie de sa maison…
Malgré les injonctions de prudence de son entourage, ce qui l’inciterait d’ailleurs plutôt à poursuivre, elle se lance dans une enquête à haut risque pour sa santé mentale.
Passionnant premier roman, qui explore le thème de la mémoire et de sa fragilité, du rôle des traumatismes sur le travestissement de la vérité, de l’existence même d’une vérité.
Originalité du thème , brio des dialogues et puissance de l’intrigue, ce roman est de ceux qui laissent une trace profonde dans la mémoire ! Il s’offre le luxe de s’achever en thriller, ce qui renforce le côté addictif !
246 pages Anne Carrière 3 février 2023
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