Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
« Et nous aurons l’éternité » est une dystopie. En gros, ce qui nous attend autour des années 2050 si nous continuons à gaspiller les ressources en eau par exemple et à ne pas nous préoccuper outre mesure du réchauffement climatique.
Norma, une romancière (quand ce mot avait encore du sens), a dépassé les 80 ans, elle devrait déjà être dans une maison « de retrait », d’autant que l’immeuble où elle vit à Montpellier dans le quartier de l’Écusson est en passe d’être détruit pour laisse la place à une bâtisse qui comportera autant d’étages souterrains que d’étages en hauteur. Extrême chaleur oblige. La disparition de l’eau a signé celle de la nature et des animaux et les êtres humains dont la durée de vie est limitée sont plus proches des robots qui contrôlent les éventuels manquements aux règles drastiques que des roseaux pensants. Le vocabulaire se réduit à une cinquantaine de mots et l’expression des sentiments se résument à des termes comme « coolissime ». Avec l’aide de ses voisins, alors qu’elle achève son dernier roman, Norma réussit à grappiller quelques mois en répondant aux questions d’une étudiante sur sa vie du monde d’avant quand les livres existaient encore. Et c’est là toute l’originalité du roman qui se révèle une véritable ode à la littérature. Je n’irai pas plus avant dans l’histoire.
Mutations climatiques signant l’effondrement des démocraties, multiplication des pandémies, une image du monde tel qu’il pourrait bien devenir sous la plume alerte d’une Catherine Fradier qui n’a rien perdu de son mordant. À lire tant que l’édition et les librairies existent.
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