"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Le goût amer de l’abîme » est un roman autobiographique sur la maladie mentale puisque l'auteur s'est inspiré de l'histoire de son propre fils. Celui-ci illustre d'ailleurs le récit de ses dessins.
L'écriture est déroutante et peut décontenancer quelque peu le lecteur. L'auteur, nous plonge dans la vie de Caden, un adolescent de 15 ans, quelque temps avant le diagnostic de sa maladie. Caden se sent persécuter en permanence et n'arrive plus à faire la différence entre son imagination et la réalité. Il ne peut plus se concentrer sur quoique ce soit, même sur son passe-temps préféré : le dessin. Ses amis s'éloignent peu à peu. Ses parents et sa sœur s'inquiètent de plus en plus. L'auteur alterne les chapitres entre la vie réelle de Caden et son imagination qui le mène dans un bateau avec un pirate et un équipage un peu particulier.
Au fil du roman, le lecteur comprend que les personnages du bateau sont les personnes que Caden côtoie dans l'unité de psychiatrie juvénile dans lequel il est hospitalisé. Dans son esprit tout se mélange, d'autant que Caden doit prendre de nombreux traitements qui anesthésient totalement son esprit et son corps. Il se sent comme dans de la gélatine et a parfois du mal à émergé.
J'ai trouvé ce roman fabuleux car le lecteur sent que l'auteur sait de quoi il parle. Il connaît le sujet et l’a vécu. Il décrit les symptômes de la maladie de Caden, la réaction de la famille et des amis qui ne savent parfois pas comment réagir et qui au début se posent de nombreuses questions ? Qu'est-ce qu'il lui arrive, pourquoi son comportement change-t-il ? Est-ce une tumeur ? Prend-il de la drogue ? Ils se sentent impuissant et voudraient l'aider.
La construction du récit est très intéressante et percutante. Certes, elle est très singulière mais elle nous plonge au cœur de la maladie. Par moment le lecteur se sent perdu ne comprend plus rien, tout se mélange, mais n'est-ce pas ce que ressent Caden ? L'auteur réussit à faire ressentir au lecteur ce qu'il peut se passer dans la tête de son personnage.
J'ai aimé la sincérité de l'auteur, il n'y a pas de happy-end, Caden va sortir de l’hôpital après un séjour de 9 semaines car il va mieux et son traitement qui a été ajusté à de nombreuses reprises lui convient pour le moment. Mais le jeune garçon sait qu'il sera peut être amené à y retourner et qu'il rencontrera d'autres moments difficiles. Ce n'est pas non plus, un roman sans-espoir, Carlyle (un personnage secondaire) dont la maladie est stabilisée à réussi à faire des études et est devenu bénévole dans l'unité de psychiatrie afin d'encadrer des groupes de thérapies.
C'est un roman puissant qui ne laisse pas indifférent et qui évoque avec une grande justesse la maladie mentale. Une plongée dans l’abîme dans lequel le lecteur ne ressort pas indemne.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !