"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Difficile entrée en matière, ce roman, Le Septième Cercle aurait mérité un titre plus provocateur mais plus réaliste, tel que : Itinéraire d’un salaud. De fait un octogénaire décide de relater ses périples à une interlocutrice, bien silencieuse, sur une période de seize journées ! Attention cependant car celui-ci par bravache indique : que celui qui raconte une histoire est le maître de la vérité.
Ainsi, notre « héros », Léon Bourdouxhe, fils de parents boucher à Herstal en Belgique, va devoir quitter son pays et intégrer la Légion étrangère. En effet, leur vie bourgeoise va se heurter aux vicissitudes de la vie : son père qui pratique le marché noir et participera à un meurtre, sera ainsi emprisonné, ce qui obligera sa femme à travailler à la FN Herstal (importante fabrique d’armes belge). Pour Léon, un drame amoureux, la trahison de son amour de jeunesse, Hanna, qui a choisi un autre prétendant le met en fureur et sera prétexte à une sauvage agression, l’obligeant à fuir.
La rencontre avec un coreligionnaire, l’adjudant Lucien Fagan, va le faire bifurquer vers l’ineffable, l’horreur, l’irrépressible folie meurtrière, et ce, sans émotion ! En effet, Fagan, anti-communiste viscéral, fervent adepte du maccarthysme, va l’entraîner dans les nuits de la noirceur humaine…
Ainsi, commence le long récit, des pays traversés et de même des rencontres pour le moins surprenantes : l’Algérie : où il va se livrer à la torture et l’assassinat, la Tunisie, le Congo belge : afin d’éliminer discrètement Patrice Lumumba, Port-au-Prince à Haïti, Rio de Janeiro au Brésil. Et des figures emblématiques de l’histoire de l’humanité : Paul Aussaresses, Ernesto « Che » Guevara, klaus altmann alias barbie…
Difficile de suivre avec sympathie, son parcours semé de meurtres, avec pour seule motivation l’argent ! Il sera de la sorte, le bras armé des services spéciaux des États-Unis, dont l’unique but sera la mainmise économique sur les pays d’Amérique Central et du Sud, et se fera par l’intervention de mercenaires dont Léon fera partie. Notons, le clin d’œil, suggérée par la photo de couverture de ce roman – l’arrestation du « Che » Guevara -.
André-joseph Dubois, s’attaque par le biais d’une satire, aux vices de ses contemporains. Cependant les pérégrinations de Léon, par la mise en proximité de tels faits de l’histoire, ne peut emporter mes suffrages ; car trop d’opportunités, de poncifs et d’invraisemblances, mettent en exergue l’incongruité des faits mentionnés, et me laisse à quia.
Merci à Babelio et aux Éditions Weyrich, de m’avoir donné l’opportunité de découvrir cet auteur ainsi que son roman.
Léon Bourdouxhe naît en 1935, de parents bouchers à Herstal en Belgique wallonne, près de Liège. Le marché noir profite aux Bourdouxhe, mais la libération beaucoup moins, puisque le père est emprisonné et Léon et sa maman obligés de vivre beaucoup plus chichement, mal vus des autres. Catherine Boudouxhe, la mère, est même contrainte de travailler à l'usine d'armement de la ville, la FN. Léon est amoureux d'Hanna, la fille de Parrain, un ami de la famille. Devenus plus grands, Hanna choisit un autre garçon et Léon doit fuir le coin pour un mauvais coup. Ce sera la Légion en Algérie, puis d'autres pays africains. La vie de Léon prend alors une direction pas commune.
Ce roman est une brique dont il a le format et le poids : 500 pages (relativement aérées), pratique pour se défendre s'il est dans un sac. Outre la plaisanterie éculée, s'il a l'aspect d'une brique, l'usage ne sera pas le même, car vous ne penserez ni à le mettre dans un mur ni à caler un meuble tant vous ne pourrez pas le lâcher. Long, certes mais passionnant. André-Joseph Dubois crée un personnage fictif qui va côtoyer du beau et moins beau monde : Patrice Lumumba, Che Guevarra, Klaus Altman (Barbie), Pinochet, et des gens moins connus qui ont fait beaucoup pour l'art de la guerre, la justification de la torture. Des dictateurs, des mercenaires, des têtes brûlées,... des personnes ayant existé et d'autres fictives. Léon raconte sa vie en seize journées à une mystérieuse interlocutrice et s'y dévoile totalement. L'homme a traversé la seconde moitié du siècle dernier et toutes ses turpitudes, ses violences. Un homme homophobe, raciste, sexiste, réactionnaire pour ne pas aller jusqu'à facho qui ne jure que par la tradition et dont le principal mot d'ordre est tout sauf le communisme. Et malgré tout cela, loin d'être sympathique, il n'est pas totalement antipathique.
André-Joseph Dubois écrit un roman d'aventure auquel il donne des accents céliniens, toute comparaison gardée, son Léon Bourdouxhe m'a fait souvent penser à Ferdinand Bardamu. Entre des tranches aventureuses, Léon se livre plus intimement, car histoire d'amour il y a. Il est parfois un peu lourd lorsqu'il raisonne et tente de justifier ses actes au regard du monde actuel, mais c'est intéressant et grâce à lui, on comprend -sans être en accord- le raisonnement de tous ces gens qui craignent la différence, la rencontre avec l'autre, qui votent extrême droite par peur préférant rejeter la faute sur l'autre et ne pas se remettre en cause.
Je ne peux que conseiller sincèrement la lecture de ce gros roman, absolument inlâchable, d'une qualité d'écriture irréprochable -j'ai même noté quelques mots rares dont j'ai scrupuleusement recueilli la définition pour des emplois futurs. Lorsque le roman d'aventure -qui a dû nécessiter un travail de documentation considérable- raconte les pires intrigues politiques du siècle dernier avec cette qualité, ce serait un tort de passer à côté.
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Voilà un livre qui constituait une parfaite découverte pour moi : que ce soit par la maison d’édition (honte sur moi puisque je suis moi-même belge), l’auteur (il s’agit de son septième livre pourtant) que du livre en lui-même que je ne connaissais pas du tout. Moi qui aime les surprises et faire de nouvelles explorations en matière de littéraire, c’était l’exemple rêvé! Et bien, je n’ai pas été déçue…
Tout d’abord au sujet de l’histoire. Quel plaisir qu’elle soit implantée (dans sa première partie tout du moins), en Belgique et plus particulièrement, du côté de Liège. Vous qui me lisez et qui ne connaissez que peu la Belgique et sa géographie, sachez que cela se trouve en Wallonie, oui, donc dans la partie francophone soit le sud du pays. Pour les gourmands et les gastronomes, vous connaîtrez sûrement les fameuses gaufres de Liège, les boulets à la sauce lapin et les lacquemants. L’auteur, André-Joseph Dubois nous conte une partie de cette région liégeoise et notamment, Herstal. Cette ville est connue à l’étranger surtout grâce à son usine de fabrication d’armes : la FN d’Herstal.
Ensuite, après les décors, c’est toutes des expressions et des termes bien de chez nous que j’ai retrouvés. C’est marrant de les parcourir car, malgré mon énorme goût pour les livres, je me rends compte que j’ai d’énormes lacunes en matière de littérature belge. Je ne feuillette que trop peu à mon goût ces auteurs si proches de moi.
« Le septième cercle » est un livre très dense. En effet, en plus de compter plus de 500 pages, le style d’écriture fait que le lecteur n’a pas envie de survoler trop rapidement les phrases. Ces pages sont en plus très remplies et ce n’est pas un livre à «expédier » en moins de deux.
André-Joseph Dubois vous fera ainsi découvrir mon plat pays mais pas seulement car il vous fera, en plus, voyager en Afrique, en Amérique latine ainsi qu’en Amérique du Sud. Par les confessions depuis la naissance du héros, Léon, étendues sur une durée de 16 jours, c’est près de 80 années d’histoire, où se mêleront fiction et réalité avec, par ailleurs, la rencontre de personnages célèbres. Chacun des chapitres représentent une journée d’aveu car Léon est un tueur. Pourquoi? Comment en est-il arrivé là? Rien ne sera épargné, que ce soit les faits mais aussi les états d’âme assumés de cet anti-héros.
Jouant sur le paradoxe de ce personnage, vous ne saurez plus finalement si vous l’avez aimer ou au contraire vous l’abhorrez. Cynique et parfois piquant, c’est un personnage qui vous marquera indubitablement tout comme cette fresque historique.
Je remercie les éditions Weyrich pour leur confiance et l’auteur pour sa très gentille dédicace qui m’a beaucoup touchée.
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