"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lors de son enfance, le narrateur était fasciné par les discussions, en particulier quand son père recevait des psychanalystes du monde entier. Un jour, les adultes parlent d'un certain Bobby Fisher. Mais qui est donc ce Bobby Fisher qui anime tant la conversation des adultes ?
Remontons le temps, jusqu'au 11 juillet 1972 où a lieu l'ouverture du championnat du monde d'échecs, avec en arrière-plan la Guerre Froide qui oppose les Etats-Unis et l'Union Soviétique. La rencontre entre Bobby Fisher et le russe Boris Spassky met le monde en ébullition.
Bobby Fisher est un fou furieux, qui vit dans sa bulle, qui vit uniquement pour les échecs depuis sa petite enfance. Le narrateur qui est Alessandro Barbaglia voit en ce combat d'échec un parallèle avec Achille et Ulysse. L'américain colérique, à la personnalité hors du commun et tumultueuse serait Achille, et le russe, en grand stratège serait Ulysse.
Alessandro Barbaglia lie avec brio les liens entre cette rencontre entre les deux meilleurs joueurs d'échecs au monde, ; l'histoire des héros grecs mais aussi sa propre histoire ou la figure paternelle, psychanalyste reconnu, refait surface car lui aussi s'est mesuré à la folie.
Coup de coeur pour ce formidable roman absolument addictif, où l'épique est lié à l'intime, ce qui donne un récit original. Tel un échiquier géant, l'auteur jongle entre les pièces, entre les souvenirs d'un père parti beaucoup trop tôt, l'Iliade et le match mondial Fisher-Spassky, ce qui fait de ce roman un vrai pageturner, que l'on lit d'une traite tellement ce récit est bon, avec un brin d'humour incroyable.
Une plume fluide, élégante, un auteur italien (qui est aussi libraire) à suivre de très près. Ce roman est un véritable coup de maitre, complètement passionnant, brillant et admiratif de tant de talents en un seul roman !
Après avoir lu « Le mage du Kremlin » de Giuliano da Empoli chez Gallimard, qui est en lice dans la dernière sélection pour le Prix Goncourt 2022, j’ai décidé de rester en Russie en quelque sorte mais avec un saut dans le passé et plus particulièrement, durant la Guerre Froide, début des années septante (et oui, je suis belge ;).
Le milieu des échecs n’est pas un monde que je connais particulièrement. Oui, j’en connais les règles de base ayant fait partie d’un club durant mes études secondaires mais je n’ai jamais été accroc au point d’en lire des manuels par exemple ou même d’avoir suivi des séries comme « Le jeu de la dame » qui a eu son succès il y a 2 ans de cela.
Pourtant, en lisant le résumé, j’ai eu envie de découvrir ce bouquin alliant une époque historique dont mes connaissances me semblent parfois un peu limitée (la Guerre Froide), l’ayant que trop peu étudiée à l’école. Alors maintenant, j’essaie d’en apprendre plus dessus, notamment en la conjuguant à ma plus grande passion qu’est la littérature.
C’est ainsi qu’on plonge en 1972 pour le championnat du monde d’échecs qui a lieu en Islande entre Bobby Fischer, joueur américain de moins de 30 ans dont le talent n’est pas moins égal à ses originalités et le Russe Boris Spassky, détenteur du titre depuis près de 8 ans.
L’auteur italien, Alessandro Barbaglia, confronte cette folle rencontre à « l’Iliade » d’Homère avec, en point d’orgue, les deux héros que sont Achille et Ulysse. Bien que n’ayant que de vagues souvenirs de celle-ci, réminiscences lointaines de mes cours de latin, j’ai apprécié cette comparaison étonnante et pourtant juste à plus d’un titre.
Hormis ces deux sujets originaux finement vulgarisés pour n’importe quel quidam, Alessandro Barbaglia offre également un chapitre intime de son histoire personnelle au travers du récit d’épisodes de sa relation avec son père, décédé très tôt d’un cancer. Émouvante à bien des égards, cette plongée intimiste m’a particulièrement touchée.
Ce livre mérite à bien des égards d’être découvert que ce soient pour ses sujets pittoresques que pour l’auteur qui dévoile un brin de son vécu. Agrémentées d’une plume élégante et fluide, au final, ce sont trois histoires imbriquées intelligemment que j’ai découvertes et qui m’ont passionnées de la première à la dernière page.
Juillet 1972. En pleine guerre froide, le communisme s’oppose aux démocraties, le KGB à la CIA, et la Russie à l’Amérique. A Reykjavik, le championnat du monde d’échecs oppose le Russe Boris Spassky, le tenant du titre, au challenger américain Bobby Fischer.
Spassky, le sage, le fin stratège, rusé comme Ulysse qui avait fini par trouver Achille, sur l’île de Skyros, caché parmi les filles de Lycomède, pour échapper à la guerre. Fischer, le génie, le capricieux, féroce comme Achille traînant la dépouille d’Hector qu’il venait de tuer. C’est ainsi que, sautant d’une page à l’autre, de l’Iliade au 20ème siècle, d’Achille à Fischer, d’Ulysse à Spassky, et de la guerre de Troie au championnat du monde d’échecs, l’auteur relève des similitudes troublantes, des comparaisons plausibles et des coïncidences frappantes. Et son imagination déborde jusqu’au fleuve Scamandre, rougi du sang des guerriers.
« Bobby Fischer, en 1972, fait la même chose qu’Achille, à l’identique. Achille le Péléide durant la guerre de Troie… Je lis des choses sur Bobby et, à l’intérieur de lui, Achille joue à cache-cache. »
Les comparaisons, nombreuses et bien observées, laissent rêveur :
• Bobby Fischer, au funeste destin, menace dès le départ de ne pas jouer, restant à son hôtel pour arriver en retard. Comme le fait Achille, dont les jours sont comptés, se retirant sous sa tente.
• Promu champion du monde, Fischer craque et pleure, comme pleure Achille, ému par le père d’Hector venu chercher la dépouille de son fils. « Et Achille pleure… Achille en dehors de la guerre, est le plus faible des hommes. Or la guerre est finie. Elle est finie parce qu’il l’a gagnée. Et maintenant il est perdu. Fischer aussi, en dehors de l’échiquier, est le plus fragile des êtres. »
Le fil ténu d’un dialogue que l’auteur conduit avec son défunt père qui était psy, donne au récit une composante déroutante et émouvante. Et si, au lieu d’être un livre sur la mythologie ou les échecs, c’était davantage une œuvre psychologique ? « Eh oui, on parlait toujours de fous chez moi ; parce que chez moi, dans les années quatre-vingt, la folie était chez elle. » Et ae mot de la fin revient bien sûr à Bobby Fischer, nouveau champion du monde : « Je ne crois pas à la psychologie, je crois aux coups réussis. »
« Le coup du fou » d’Alessandro Barbaglia, malgré quelques approximations avec le vocabulaire échiquéen, est un coup de maître.
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