"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La volonté suffit-elle pour échapper à ce que la vie a inscrit en nous?
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Tel est le thème majeur (le fil conducteur) de ces six nouvelles d'un écrivain à l'avenir prometteur. Ce recueil a reçu le National Book Award Fiction en 2015. Et c'est mérité d'après moi.
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Un conseil de lecture: lisez -en une à la fois, jamais deux en une journée. Savourez le texte, l'histoire, laissez infuser, digérez, analysez si vous voulez. C'est de cette façon que vous ressentirez la pleine puissance d'évocation.
Enfant prodige sorti d'atelier d'écriture, l'auteur arrive avec brio, malgré des dispositifs narratifs sophistiqués, a créer cette sensibilité qui est l'essence même d'un très bon écrivain.
Chaque histoire, dotée d'anti-héros, a cette finesse de propos, une subtilité dans des situations dissonantes (telle le pédophile qui lutte contre ses pulsions, l'absence de regrets de la part d'un ex-Stasi sur ses méfaits, une femme tétraplégique hésite entre se tuer ou faire un enfant). On pourrait être choqué par ces histoires atypiques, dont la narration pourrait surcompenser par des débordements à coup de mouchoir. Mais la maîtrise est parfaite.
Bouleversantes, justes, et avec une seule question : est ce que l'homme doit lutter contre ce qui le détermine ou peut-il s'arranger avec sa vérité?
Chapeau bas, Mister Johnson !
Pour nous présenter La chance vous sourit d'Adam Johnson, l'éditeur nous annonce en 4e de couverture que "ces six novellas s'imposent chacune comme un bijou de subtilité et d'intelligence". Subtil et intelligent sont effectivement les qualificatifs premiers qui me viennent à l'esprit quand je repense à ces nouvelles très différentes les unes des autres.
Parmi les six nouvelles que compte La chance vous sourit, certaines m'ont émue, d'autres m'ont dérangée et une plus particulièrement. Je crois que c'est même l'un des textes les plus difficiles que j'ai été amenée à lire. Vous comprendrez pourquoi si vous lisez Prairie obscure et je vous garantis qu'une fois lu, vous ne pourrez plus l'oublier. C'est d'ailleurs une nouvelle qui n'est pas présentée en 4e de couverture et je comprends parfaitement pourquoi.
En dehors de cette expérience presque traumatisante, je suis parvenue à entrer rapidement dans l'univers de quatre autres nouvelles, la dernière qui a pourtant donner son titre au recueil ne m'a pas du tout touchée en revanche. Tous les personnages sont confrontés à un moment de la vie où l'on sent que les choses peuvent ou doivent changer, que l'on en fasse soi-même le choix ou que la vie nous l'impose. Un moment qui peut s'avérer lumineux ou angoissant car on ne sait pas toujours si la route choisie est la bonne et si les résolutions prises seront tenues. Ainsi on assiste dans Ouragans anonymes à la naissance d'un père tandis qu'une mère disparaît dans Le saviez-vous ?, on suit un couple à la dérive qui se raccroche aux paradis artificiels pour survivre dans Nirvana tandis qu'un homme seul continue de vivre dans un passé que seul lui trouve glorieux dans George Orwell était l'un de mes amis.
Tout et son contraire. Des destinées singulières, des peurs, des attentes, des douleurs, des espoirs que nous partageons tous mais que nous vivons chacun à notre manière. Ce recueil enrichit l'âme et le cœur par ses réflexion mais aussi par la puissance d'écriture d'Adam Johnson. Ses personnages tout comme leur univers sont finement ciselés et décrits avec une telle précision que l'auteur parvient à les rendre uniques. Rien n'est interchangeable dans ses histoires, aucun personnage ne paraît terne et sans saveur, bien au contraire ils sont criants de réalisme car très éloignés des clichés. Et c'est ainsi qu'on le ressent même dans l'écriture d'une nouvelle à une autre (mention spéciale pour le ton de Le saviez-vous ?). Encore une fois, c'est subtil et intelligent : j'en reviens toujours au même point, comme si ces adjectifs avaient été inventés pour parler de La chance vous sourit.
Un recueil de plusieurs nouvelles, des histoires qui nous entraînent aux Etats Unis, à Berlin Est, en Corée du Sud. Ces courtes histoires sont fascinantes car l'auteur nous entraîne dans l'esprit d'homme : l'un a créé un hologramme pour pouvoir supporter la maladie dégénéressante de sa femme (algorithme, drones, je vous avoue que je n'ai pas tous compris sur les techniques utilisés (!!)), un jeune livreur UPS lui essaie de comprendre son rôle de père en essayant de se rapprocher et de comprendre le sien, un ancien directeur de prison de la Stasi, revit son passé professionnel, personnel, il était un simple fonctionnaire, consciencieux, un texte choc sur la banalité du mal, chère à Hannah Arrendt. Un pédophile "repenti", qui se soigne et résiste à ses pulsions. Deux hommes qui se sont sauvés de Corée du Nord et installés dans le Sud avec une nostalgie (de belles pages avec des ballons de couleurs).
Une société high-tech, électronique, de surveillance (que ce soient des caméras, des voisins, des drones, des codes informatiques.
Le pardon, le remords existent ils ? Des secondes chances, peut on réussir à changer le destin, est il tangible ce destin ? "la chance nous sourit" mais y a t il du hasard dans la vie, une question de points de vue, où on met le regard, le point de vue (une nouvelle fois une référence à la théorie du chien ou chat de Schrodinger que j'ai découvert grâce au texte de Martin Dumont).
Une belle traduction de la part d Antoine Cazé, même si des thèmes informatiques m'oint un peu échappé.
Merci infiniment aux Editions Albin Michel (terres d'Amérique et à Léa de m'avoir permis de lire ces textes.
Adam Johnson, dans son recueil de nouvelles, nous livre six novellas sur les thèmes de l’amour perverti « Prairie Obscure », la famille « Ouragans Anonymes », la maladie « Nirvana » et « Le saviez-vous ? », sur l’évolution du monde contemporain : sur l’ex RDA « George Orwell était un de mes amis », sur les Corées du Nord et du Sud « La chance vous sourit ».
L’auteur maîtrise à la perfection l’écriture des textes. Ils sont courts mais efficaces. Il donne chair à des personnages complexes et avec une justesse impressionnante.
Il nous raconte une Amérique sombre, sans détour. Le titre du recueil est d’autant plus ironique. La chance ne sourit à aucun des personnages. Nous sommes plutôt dans les tréfonds de l’humanité. Les « héros » se perdent dans leur noirceur : par exemple, dans la dernière nouvelle, un Coréen du Nord qui a pu s’échapper de l’enfer et rejoindre la Corée du Sud n’arrive pas à s’acclimater à cette nouvelle société et préfère retourner dans le pays de la dictature, de la faim…
Les livres d’Adam Johnson ont été maintes fois récompensés. Il a reçu avec « La chance vous sourit » le National Book Award.
Les écrivains américains excellent dans l’écriture des nouvelles. J’ai pu lire celles d’un autre auteur, Eric Puchner, « Dernière journée sur terre », éditées aussi chez Albin Michel dans la collection « Terres d’Amérique ».
Le journal The Washington Post ne s’est pas trompé en affirmant que « La chance vous sourit » est « Un recueil magistral ».
N’oublions pas le traducteur : Antoine Cazé, grâce à qui nous pouvons lire ce livre dans la langue de Molière.
Pour finir, je voudrais remercier le groupe Facebook et Instagram Picabo River Book Club ainsi que l’Editeur Albin Michel pour m’avoir permis de lire ce très beau recueil.
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