Byron n'en ratait pas une.
Il lançait les plus petits que lui contre le grillage gelé, il flanquait le feu à la maison en jouant aux parachutistes nazis avec des bouts de P. Q. enflammés, il volait des gâteaux suédois à la crème chez l'épicier, et voilà que pour couronner le tout, il reniait sa race et ses père et mère en se faisant défriser et teindre les cheveux en orange.
Alors Maman a décidé qu'on allait tous faire le voyage de Birmingham dans la grosse Bombe, notre voiture, pour l'emmener chez Mémé Sands.
Là-bas, chez les ploucs du Sud, rien n'est rose pour les Noirs comme nous. C'était pour ça, pur lui apprendre la vie, à Byron, pour le dresser un peu, que Maman avait programmé ce voyage.
Mais si elle avait su ce qui nous attendait là-bas, le 15 septembre 1963, peut-être qu'elle aurait préféré rester à se peler de froid ici et à s'énerver contre Byron toute la sainte journée.
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