"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Il a l'air fou", "elle a l'air bizarre..." Si chacun fait quotidiennement l'expérience de l'air d'autrui, nul n'avouerait, aujourd'hui, se risquer à engager sur une telle présomption l'autorité du diagnostic. Désigner rigoureusement l'air des fous a pourtant été une entreprise fondatrice de la psychiatrie moderne, celle qui se constitue à l'orée du XXIe siècle, à partir des travaux de Pinel et d'Esquirol. On a oublié à quel point l'institution révolutionnaire du malade sur les décombres de l'ancien "fou" - chose informe, presque invisible sous ses chaînes dans l'obscurité des cachots -, et la définition corrélative des maladies mentales, aux profils nosographiques finement détourés sur le vieux fond de la folie ont été affaire de regard.
Ce livre est consacré à la vision clinique quand elle a pour objet les pathologies de l'âme. Il interroge notamment les jeux de regard favorisés par l'architecture asilaire, la tentative de Lavater d'établir, dans sa Physiognomonie, une grammaire visible de la folie, et l'extraordinaire projet d'Esquirol : élaborer un atlas des malades mentaux, où les maladies mentales se donneraient à voir par le portrait des aliénés. En confiant aux images la mission de manifester l'invisible folie sur le visage des malades, la psychiatrie détermine un passage à la limite du genre classique du portrait. Chargés de représenter non plus l'identité, mais ses troubles, ces "portraits d'aliénés" annoncent les développements ultérieurs de la photographie et de l'art moderne.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !