Voilà près d'un siècle que se tenaient, à Lille puis à Clichy, les premières réunions de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) française. Assemblés autour d'un prêtre, quelques jeunes hommes s'engageaient pour rendre aux ouvriers leur fierté et leur apporter la foi. Bien vite se sont organisées des associations comparables pour les jeunes garçons et filles issus d'autres catégories sociales. Porteurs d'une pédagogie novatrice que résume la formule « Voir, juger, agir », ces mouvements n'ont pas permis le rechristianisation espérée mais ils sont devenus de formidables vecteurs d'éducation populaire ; ils ont bouleversé la vie de plusieurs générations de militants et ont formé nombre de cadres pour la société et pour l'Église. Celle-ci appuyait la mobilisation des laïcs, organisée sous son contrôle, qu'elle désignait sous le vocable d'Action catholique « spécialisée ».
Mais ce terme traduit-il vraiment la diversité des expériences vécues à la base ? Et comment expliquer que ce dispositif, si performant jusqu'aux Trente Glorieuses, éclate ensuite, que son mode de présence s'épuise et que les évêques renoncent finalement à le mandater ? Comment ces bouleversements ont-t-ils été vécus ? Où les énergies et les convictions sociales, politiques et religieuses se sont-elles réinvesties ? On le comprend, loin de se limiter à l'histoire religieuse, l'observation du succès puis du tarissement et du morcellement de l'Action catholique, cet ouvrage permet de mieux comprendre les profondes mutations de la société française, du militantisme et du christianisme.
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