"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
20 ans après l'écriture et deux ans après notre réédition de La Traversée des monts noirs, son oeuvre littéraire majeure jusqu'alors, Serge Rezvani nous en propose la suite dans son dernier texte : Vers les confins. Celui-ci peut cependant se lire indépendamment du premier. Il en reprend essentiellement les personnages ainsi que le mode d'écriture singulier qui substitue l'oralité du dialogue à tout élément descriptif et narratif, lesquels ne sont présents qu'à travers les paroles des uns et des autres. Il n'y a donc pas tant une action à résumer que la mise en scène d'une conversation continuée, commentant avec ironie et provocation le destin humain, à partir d'une relecture critique de la Bible et de ses mythes dans le cadre historique du désert des Esséniens. Au fil du voyage mystérieux qu'accomplissent les personnages, les développements de ces mythes sont suivis jusqu'à leur retentissement actuel tout en passant par une interprétation de la peinture du Tintoret. La fin, sans fin, entraine vers le fantastique. Ce récit polyphonique et enlevé conduit le lecteur de surprise en surprise, alternant surprise verbale (traits d'esprit, joutes spirituelles, évocations drôles ou terribles, contes.) et profondeur de pensée. Un livre confondant d'intelligence, d'invention et de poésie, qui ne se prend jamais au sérieux, se plaçant constamment sous le signe du jeu : jeu du langage, jeu des récits que les hommes se tiennent à eux-mêmes, ce jeu fût-il tragique dans ses conséquences historiques et morales.
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