"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le jeune Sami Baran a dû fuir le régime militaire turc.
Réfugié en Suède depuis neuf ans, il est hospitalisé suite à un accident de voiture, visiblement dû à ses troubles psychiques. Apprenant qu'un autre Turc est soigné dans le service pour une tumeur au cerveau, il se rend dans la chambre du malade et comprend qu'il se trouve au chevet d'un ancien haut responsable turc ? son tortionnaire en quelque sorte. A Ankara, Sami était un jeune homme peu politisé, passionné de cinéma et de jazz.
Un jour, en filmant un spectacle de danse, il tombe amoureux d'une jeune étudiante, Filiz. Mais quelque temps après leur mariage, tout bascule en quelques secondes lorsque le couple en voiture n'entend pas les sommations d'une patrouille militaire : une mitraillette tue Filiz sur le coup. Sami est arrêté et torturé. En échange de sa liberté, on lui demande d'accepter la version officielle selon laquelle Filiz était une dangereuse militante.
Lui-même serait déclaré officiellement dis-paru. Sami refuse, parvient à fuir le pays pour s'exiler en Suède. Une saison de solitude est un roman puissant et âpre. La narration, alternativement à la troisième et à la première personne, distille habile-ment le trouble et questionne le réel. Le livre interroge aussi bien le passé récent de la Turquie que la vie des réfugiés politiques. La confrontation entre victime et bourreau soulève des questions d'ordre moral comme la justice, la vengeance ou le pardon.
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