Premier objet de curiosité des enfants des deux sexes, paré ensuite, selon les circonstances, de toutes les vertus ou de tous les vices, je demeure l'unique symbole de la puissance virile. Et peut-être à cause de cela le modèle préféré des amateurs de graffitis. Dans des postures si excessives qu'elles sous-entendent toujours que, s'il le voulait, mon maître pourrait à loisir me faire battre tambour. S'il le voulait...
Alors que notre homme sait qu'en cette matière je peux aussi n'en faire qu'a ma tête. Autant l'avouer, nos relations sont souvent conflictuelles.
Certes, Gilles, de par sa séduction innée, ne me laisse que très rarement sur ma faim. Sauf lorsqu'il se met en tête de tomber amoureux. Evènement qui ne manque jamais de m'embrouiller les esprits et de freiner mes enthousiasmes naturels.
Etat incompatible avec l'image que l'on se fait volontiers de ma personne. Celle d'un fier-à-bras. Les hommes par fanfaronade.
Les femmes pour masquer la différence entre mon engin presse-bouton et la délicate complexité de leur intimité. Vision par trop simpliste. Que font-elles de mes doutes, de mes timidités, de mes effrois, de mes distractions et des mille pensées qui, à cet instant précis, me traversent l'esprit ? Moi aussi, j'ai droit à mes extases, à mes sautes d'humeur, à mes mélancolies. Moi aussi, j'ai droit à une vie intérieure.
Après L'Amateur, Oona et La Mer oubliée, André Balland signe ici son quatrième roman. Le plus impudique mais aussi le plus tendre.
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