Diogène du monde moderne, Pol Pelletier se promène avec sa lanterne et allume toutes les lumières qu'on a éteintes pour éviter de voir. En ce sens, elle fait du théâtre politique. Alors qu'elle semble transgresser constamment les frontières du théâtre, elle est toujours en plein coeur du théâtre. Elle entremêle mémoire et présent, destin individuel et collectif, révèle l'occulté et dénonce les injustices. Créée en 2004, cette pièce tient autant du rituel que du théâtre. Auteurs féminins oubliés, femmes sacrifiées, discours féministes reniés, une question émerge implicitement de la pièce Nicole, c'est moi : que sont les femmes devenues ? Pol Pelletier refait l'histoire du monde à partir de notre ancêtre, l'homo erectus, qui a vécu il y a 70 000 ans ; elle passe par les ruines des pyramides aztèques de Mexico la polluée, jusqu'au volcan Popocatépetl ; elle revient au Québec, où tout le monde s'acharne à rire ; elle cherche des femmes, elle les retrace, elle appelle ses aînées, ses ancêtres, elle ressuscite Camille Claudel, la folle, qui détruisait ses oeuvres, Françoise Loranger, auteure de théâtre, qui a chamboulé les règles du théâtre au Québec ; et elle finit en prenant dans ses bras les 14 victimes de Polytechnique, assassinées il y a 31 ans cette année, une tragédie qu'on a très vite enfouie au fin fond de notre inconscient collectif, de peur de découvrir ce qu'elle signifiait.
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