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«C'est bien un homme qui, à travers l'objet, parle ici à d'autres hommes et, bien sûr, puisqu'il s'agit d'un poète, c'est par le langage, dans le langage, qu'il se parle et nous parle ; mais enfin il parle, et le langage, auquel un rôle privilégié n'en est pas moins attribué, n'est pas seul, cela, je ne crois pas que Guillevic l'ait jamais cru, à parler. Loin d'exiler le texte indéchiffrable du monde et, sans communication avec lui, de se renclore en eux-mêmes, ces mots, ce langage s'en prennent au monde, ils l'interrogent, ils le somment ; interrogation, constat, ou amorce déjà d'une réponse, ils sont à la fois instrument de connaissance et exorcisme, savoir, élucidation, presque toucher, armes patientes du courage : Les mots, C'est pour savoir. Quand tu regardes l'arbre et dis le mot : tissu, Tu crois savoir et toucher même Ce qui s'y fait (...) Et la peur Est presque partie. (Exécutoire) Tel est bien, pour Guillevic, l'art poétique essentiel. Tel est l'acte poétique lui-même. Les mots sont savoir ; par là-même, ils sont aussi assurance, protection ; et l'homme sans eux nu, livré, exposé : aux choses, aux monstres, aux forces mauvaises, en lui et hors de lui, à la double et constante menace de l'en dehors et de l'intériorité.» Jacques Borel.
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