« Le surréalisme, mouvement artistique révolutionnaire ou mouvement révolutionnaire artistique ? En réalité, deux tendances peu conciliables sont partout à l'oeuvre dans les conflits entre André Breton et les autres membres du groupe : d'une part, un projet culturel d'avant-garde, dont les artistes ont pour vocation d'être les porteurs, d'autre part, une volonté de rupture radicale avec la «littérature» et l'«art», une tentative de subversion de toutes valeurs, tentative dont Breton s'est efforcé d'être le porte-parole intransigeant. En raison du milieu auquel il s'est adressé et de la logique de la spécialisation artistique, André Breton n'a pu exprimer cette volonté de non-conformisme absolu que d'une manière ambiguë et contradictoire. La rencontre avec le marxisme-léninisme, idéologie d'un parti bien décidé à soumettre la création intellectuelle aux impératifs de sa stratégie politique, ne sera pas la cause mais le révélateur de ce conflit central.
Telle est la thèse défendue dans cet essai qui fait la part entre une évolution inévitable, voire nécessaire, et l'espace critique qui reste ouvert à l'individu. » L. J.
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