Il est incroyable que l'on puisse se poser, encore aujourd'hui, la question de savoir s'il faut des statistiques ethniques pour connaître les origines. L'Insee produit d'ores et déjà de telles statistiques ! Elles ne sont donc pas interdites, comme notre président de la République lui-même l'ignore. (cf sa conférence de presse du 5 février 2015).
Qui est autorisé à recueillir, et dans quelles circonstances, des données sur les origines et pour quoi faire? La question «pour quoi faire?» est importante car elle conditionne souvent le jugement moral porté sur la confection de ce type de catégories et, au final, les possibilités d'y recourir. Ceux qui y sont opposés invoquent rituellement un certain nombre d'arguments. L'histoire, avec la question du fichier juif, est régulièrement convoquée. Ne prépare-t-on, pas avec les statistiques ethniques, la prochaine solution finale? Produire des statistiques ethniques, n'est-ce pas créer de toutes pièces des divisions? Les statistiques ethniques ne font-elles pas courir des risques aux libertés publiques ? Rendre de telles informations disponibles, n'est-ce pas fournir un argumentaire au Front national et lui donner raison? N'est-ce pas contraire aux principes républicains garantissant l'égalité?
Ceux qui sont favorables aux statistiques sur les origines ont tenu deux types d'arguments: la connaissance du réel qui ne peut, en aucun cas, dépendre des anticipations négatives que l'on projette sur les résultats et sur l'usage qui peut être fait de ces statistiques; la lutte contre les discriminations, car il faut en connaître les dimensions et l'ampleur si l'on veut mener une lutte efficace.
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