"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Stanley Greene a frayé avec les Black Panthers, photographie la mode et les punks US... Le 9/11/1989, il est à Berlin pour la chute du Mur. Il ne cesse alors de mettre son regard au service de la réalité la plus crue : la guerre en Tchétchénie, Katrina... Il est sans conteste l'un des plus grands photoreporters de l'après Guerre froide, récompensé par cinq prix World Press Photo.
9 novembre 1989, jour où, par hasard ou pas, tout a basculé. Qu’est-ce qui fait que ce caméléon tour à tour artiste, acteur, Black Panther, photographe de mode un peu borderline est devenu l’un des plus grands photoreporters de la fin du siècle dernier et de ce début de siècle ? Réponse dans Stanley Greene: une vie à vif paru chez Delcourt Editions. sous la plume de Jean-David Morvan et le crayon de Tristan Fillaire.
Mémoires de guerre, mémoires d’outre-tombe, mémoires d’outre-espace?
Du mur de Berlin à la guerre en Tchétchénie, en passant par La nouvelle-Orléans dévastée par Katrina, un voyage au bout de la vie, au cours duquel les photos de Stanley Greene, témoin de la «décomposition d’un monde déjà mort depuis longtemps», dialoguent avec les dessins de Tristan Fillaire et le verbe de Jean-David Morgan.
Une symbiose brillante, puissante, extrêmement vivante !
Afro-américain issu d’une famille d’artistes de la middle class, Stanley Greene nait à Brooklyn en 1949. A 11 ans, ses parents vont lui offrir son premier appareil photo.
La bd s’ouvre sur le mur de Berlin et va nous ramener à un autre mur photographié des années auparavant, mur qui lui a ouvert les portes du studio de W. Eugène Smith, imminent reporter durant la guerre du Pacifique. A Berlin, le morveux de Brooklyn, le gratteux, le Black Panther, l’étudiant punk, le noctambule, le flatteur de top model, va passer de l’autre côté du mur et tel Alice se trouver happé par un autre monde : celui du déclin et de l’éclatement du monde communiste, puis de la guerre, de la souffrance, monde qu’il n’aura de cesse d’arpenter avec son objectif afin de témoigner encore et encore.
C’est Stanley Greene qui raconte son histoire mais rien à voir ici avec un monologue. On est au cœur de l‘action avec l’impression de siéger à ses côtés dans la voiture qui le mène à Berlin ou encore d’être son interlocuteur au téléphone …
Dans le titre de l’album , Une vie à vif fait résonance avec un de ses ouvrages majeurs : Plaies à vif, Tchétchénie 1994 à 2003. Son travail de longue haleine sur la couverture du conflit en Tchétchénie sera unanimement salué et contribuera fortement à sa renommée..Il sera consacré par le prix W. Eugène Smith, recevra cinq prix World Press Photo et cofondera l’agence NOOR avant de décéder à Paris en mai 2017.
Cette bd est la rencontre de 3 hommes : un photographe, un scénariste, un illustrateur.
Le procédé utilisé entremêlant dessins et photos n’est pas nouveau. On le retrouve déjà dans Le photographe d’Emmanuel Guibert. Quant à Jean-David Morvan, ce passionné de photo, n’oublions pas qu’il est à l’origine d’une collection en collaboration avec l’agence Magnum chez Aire Libre dont le dernier opus Mohamed Ali, Kinshasa 1974 mettant en lumière les photos d’Abbas vient de paraitre.
Maitre en la matière, on va retrouver ici un Jean-David Morvan au sommet de son art.
La grande force de ce récit non linéaire est, outre le sujet passionnant, la structure même, la subtilité de la narration qui vient orchestrer les photos emblématiques du reporter. Ponctué de flash-backs, il est rythmé tant par le sens de la formule, la langue incisive allant à l’essentiel de JD Morvan que par le cadrage et les illustrations d’une grande sobriété, précision et expressivité aux tonalités de gris, d’ocre, de vert de Tristan Fillaire. L’un comme l’autre, le scénariste chevronné de plus de 100 albums et le dessinateur dont c’est la première bd, vont se mettre en retrait allant même jusqu’à s’effacer devant les clichés de l’homme au béret noir, notamment dans deux double-pages uniquement composées de photographies : l’une sur Katrina, l’autre la guerre en Tchétchénie, nous incitant à nous arrêter et prendre le temps de l’émotion.
Tout est question de rythme. Ralentissement mais accélération aussi avec sur 6 planches dessins et photos en champ contrechamp, illustrations des différents états d’âme du reporter: peur, chagrin, désespoir, dégoût, tristesse ... mais aussi admiration et amour des femmes, ce qui nous vaudra de sublimes portraits, notamment celui d’Asya, «barbe à papa enrobée de fil de fer barbelé», tellement vivante et forte malgré son passé douloureux.
A la fin de la bd, on trouvera en annexe un dossier comprenant un entretien de Stanley Greene avec son confrère Pep Bonnet dans lequel il expose sa conception de la photographie ainsi que plusieurs pages de clichés et les légendes des photos intégrées à la bande dessinée.
Stanley Greene : une vie à vif est un album absolument passionnant et indispensable pour tous les mordus de photo et notamment de photoreportage. Un album passionnant et indispensable aussi pour tout un chacun, dressant le portrait d’un photographe à la vie hors du commun, témoin des horreurs de son temps, messager empreint d’humanité qui sans cesse a côtoyé la mort mais aimait la vie.
Une bande dessinée oui, un documentaire également, une biographie assurément, un album photos en plus, une belle découverte évidemment !
Je ne connaissais pas le photojournaliste Stanley Greene, mais maintenant grâce à JD Morvan et Tristan Fillaire, cette erreur est en partie réparée.
J’ai découvert cet album et j’étais à mille lieues de réaliser les trésors qu’il pouvait receler. Ce n’est définitivement pas un ouvrage comme les autres en raison de son hétéroclite visuelle.
« Stanley Greene, Une vie à vif » est l’histoire d’un homme passé à travers les affres de l’Histoire. Stanley Greene né à Brooklyn en 1949, a fait partie du mouvement des Black Panthers dans les années 70 et a travaillé dans le monde de la mode, du rock et de la drogue pendant les années 80. Après une remise en question professionnelle, il se rend à Berlin le 9 novembre 1989 alors que le Mur s’apprête à tomber.
C’est à l’occasion de ce voyage que la vie de Stanley Greene nous est narrée, une vie remplie de voyages dans des contrées en guerre et surtout de rencontres faites sur place. La Mauritanie, la Tchétchénie, l’Afghanistan, la Russie, La Nouvelle-Orléans, l’Irak, l’Iran, la Syrie, le Tchad, le Liban, des voyages qui vont lui permettre de se lier avec des femmes exceptionnelles telles que Heidi Bradner une photographe qui a travaillé en Tchétchénie, Emma Mc Cune « mercenaire de l’humanitaire » mariée avec un leader de la guérilla soudanaise et la magnifique Asya infirmière combattante tchétchène dont il est tombé amoureux.
Un photojournaliste extraordinaire, récompensé par de nombreux prix dont le fameux World Press, au service de l’information, en essayant « de rester en vie le plus longtemps possible ».
Un très bel album en raison de sa forme avec des dessins, une galerie de photos et leur description qui permettent une lecture du fond à plusieurs niveaux pour des événements identiques.
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