"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A l'est de l'Afrique, au bord d'un grand lac que fuient les pluies, 1,7 million d'années avant notre ère, Nî-ei, une jeune femme " différente des autres femmes ", va rencontrer Moh'hr, " celui qui regarde la montagne au loin ".
Nî-ei, rejetée par son clan parce qu'elle porte la marque du grand sh'ohr (la panthère noire), a dû se mettre en marche sur la terre inconnue. Moh'hr, lui, a quitté les siens pour partir à la recherche de la grande montagne qui crache les nuages.
Ils sont, sans le savoir, à la source des hommes. Mais s'ils parlent, ce ne sont pas les mêmes mots. S'ils pensent le monde, ce ne sont pas les mêmes images.
Jusqu'à ce qu'ils découvrent une émotion inconnue et un bruit étrange qui bat dans la poitrine. Alors ils feront ensemble un morceau de chemin, sous le vent du monde qui roule et les emporte.
Une fresque sur les origines de l’Homme terriblement ambitieuse.
Pierre Pelot a choisi un angle d’approche qui rend la lecture, dans un premier temps, ardue. Il n’emploie pas le subterfuge de l’homme qui ne vieillit pas ou bien se régénère d’ère en ère, non il va plus loin et le lecteur va devoir jouer le jeu avec lui et faire que ce que son cerveau enregistre de mots se transforme en ressenti.
Dans ce premier tome vous êtes transporté 1,7 million d’année avant notre ère en Afrique.
La nature est le principal personnage et l’auteur sait de quoi il parle, ses descriptions sont d’une beauté à couper le souffle, et il entame sa fresque par ce qu’il y a de plus fort une naissance.
C’est Nî-éi, une jeune australopithèque qui cherche un nid où elle pourra mettre bas.
La scène est d’une précision qui la rend violente. La suite je ne vous la dévoilerais pas.
Il y a plusieurs clans dans la même région qui s’observent, se scrutent et apprennent à vivre ensemble.
Moh’hr, celui qui voit la montagne au loin cherche par ses observations à savoir ce qu’ils ont en commun ou au contraire ce qu’ils font de différents.
« Les Nak-Booh-Loa agissaient comme s’ils étaient seuls, comme s’ils ne voulaient pas voir que d’autres hommes occupaient avant eux ce territoire sur lequel ils s’installaient, où ils construisaient un abri solide, de grande taille, fait pour durer bien davantage que le temps de tô-nikhr’s. »
La vie est là, les espèces cohabitent dans cette nature sans qu’il y ait prédominance des uns sur les autres.
Il faut préserver l’ensemble et son fonctionnement, lorsqu’il y a modification il doit y avoir adaptation.
La jeune Nî-éi va être rejetée par son clan. Elle doit donc s’éloigner d’eux et c’est sans appel.
« Le bâton qui frappe de Efi-éi ne s’abattit pas sur elle. Ni celui de Nam. Pourtant, elle se sentit brisée comme s’ils l’avaient frappée à tour de bras. De l’eau lui vint aux yeux, qui furent comme étaient ceux de Efi-éi, ayant vu tant et tant d’images, quand elle tourna les talons, suivie par Nam et celui qui n’a pas de nom, quand ils s’en allèrent, elle et les hommes, marchant bien vite et se réfugiant dans l’ombre de l’abri pour n’avoir pas à aller contre les leurs. »
Elle marche, elle s’éloigne et prend conscience qu’elle existe en dehors de son clan. Elle est suivie, elle le sait et montre à son suiveur qu’elle ne l’ignore pas.
Elle est protégée par le Sh’ohr.
Ainsi Nî-éi va se diriger vers le territoire pour lequel Moh’hr a quitté les siens : cette montagne qui cache les nuages.
Des scènes de vie à hauteur des sens qui montrent leur évolution due à leur mobilité, aux divers affrontements qui sont selon, victoire ou défaite, mais qui les fait avancer, encore et toujours, mais surtout à leur curiosité véritable aiguillon comme leur odorat est leur radar.
Nî-éi va faire confiance à son instinct lors de sa rencontre avec Moh’hr, le Sh’ohr ne s’est-il pas détourné de lui sans attaquer ?
« Moh’hr se pencha vers elle. Il perçut le sursaut réprimé, la tension soudaine dans ses chairs — il entendit frotter contre une autre pierre dans sa main, vit ses doigts crispés dessus. Mais elle continua de le regarder sans détourner la tête ni tenter d’échapper au contact inévitable. »
Le vent du monde les pousse, les bouscule, les roule et de bruit de gorge en bruit de gorge ils communiquent.
Si la nature et tout ce qui y vit reste sauvage Moh’hr découvrira ce qui bat là dans la poitrine, sous la peau : le cœur.
Pierre Pelot une fois de plus nous embarque et nous émerveille, son écriture et son vocabulaire donnent vie non pas à une photographie de l’humanité à ses débuts, mais à une vision plus complète, plus saisissante et plus probante que la réalité même.
Cela a dû être un travail de titan mais aussi une aventure extraordinaire qu’il partage avec nous.
©Chantal Lafon
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