Thierry Chevillard, auteur de pièces de théâtre et de romans, notamment policiers, est avocat. Il a eu pour cliente une femme qui lui a avoué avoir été, dans une première vie, call-girl. Dans le cadre de leur relation privilégiée, elle lui a raconté son parcours. Thierry Chevillard nous le restitue ici sous une forme originale, celle d'un poème en prose décliné en sept tableaux, comme autant d'étapes qui permettent de comprendre comment on devient prostituée.
Au départ, l'héroïne nous raconte son adolescence passée dans un milieu très défavorisé, où sa mère subit les assauts d'un mari alcoolique, obsédé sexuel et misérable.
Très belle, elle affole les hommes et comprend vite ce qu'elle peut obtenir en monnayant son corps. Au départ : une place de sous-fifre dans le haras où elle peut monter les chevaux, seul objet de passion. Dans le deuxième tableau, on la retrouve à 25 ans, en train de tapiner. Comme une évolution inéluctable. Elle se punit en se lavant jusqu'aux sangs après chaque passe, mais elle gagne bien sa vie, aide sa mère qui a finalement quitté son mari. C'est pour elle la garantie qu'aucun homme ne pourra jamais la posséder.
Au fur et à mesure des tableaux, on assiste à la progression de sa « carrière » : elle rentre dans le SM grâce à une petite annonce. Cette expérience renforce son caractère et lui permet de gagner beaucoup plus. L'argent est son énergie. Elle parle peu, se juge sotte, sans éducation.
Elle prend des cours particuliers, car son pouvoir sexuel sur les hommes ne lui suffit pas. Sortant peu à peu de l'illettrisme, elle n'aura plus rien à leur envier, c'est eux qui fermeront les yeux, de honte.
Devenue une dominatrice, installée à Genève, elle rentre dans les fantasmes les plus délirants de ses clients,jusqu'à sa rencontre avec celui qui devient son « protecteur », Gérard, homme aussi impuissant que riche, pour lequel elle élabore de multiples scénarios.
Elle n'est plus une simple prostituée, et orchestre avec lui, avant qu'il ne se fasse arrêter, les orgies dans lesquels les riches se vautrent.
Après cette montée en régime, elle connaît quelques déboires, mais elle parvient paradoxalement à s'affranchir tout en redevenant une esclave masochiste capable de tout. Jusqu'à sa première véritable libération : l'obtention de son bac. Une nouvelle vie peut alors commencer.
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