Est-ce que la psychanalyse doit être ganz unmusikalische comme l'était Freud lui-même, et faut-il considérer que l'écoute de l'inconscient ne saurait passer que par le langage ? Plus d'un psychanalyste a revendiqué à l'inverse que la structure musicale, parce qu'elle sait exprimer profondément et communiquer efficacement les affects, est interprétable en tant que telle. Les textes de ce numéro montrent qu'il est non seulement possible de retraduire avec l'aide des notions de la psychanalyse ce qui relève au premier abord d'un ineffable voire des traces du pré langagier mais aussi que ces notions mêmes se trouvent enrichies par l'apport de l'écoute musicale. L'exemple de la musique de Wagner constitue un paradigme de la violence des sentiments de l'auditeur car il est sans doute l'un des rares compositeurs qui divise de façon aussi tranchée les mélomanes. On a pu parler de wagnerolâtres mais également de wagnerophobes... et au sujet de la participation au festival de Bayreuth, où sont représentés chaque année les opéras de Wagner, de "pèlerinage". Ces termes, que l'on verrait difficilement appliqués à un autre compositeur, indiquent bien l'effet passionnel déclenché par la musique du créateur de Tristan et Isolde. Qu'entend donc le mélomane pour être aussi violemment sollicité ou au contraire si brutalement dérangé lorsqu'il se met à l'écoute de la musique de Wagner ? Mais plus largement qu'entend le mélomane ?
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