"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quelque part au fin fond de la Californie, au début du XXe siècle, Cole Hupp vit à l'écart du monde, en attendant la fin. Mais en fait de Faucheuse, c'est Vivienne, une bibliothécaire curieuse de connaître la réalité du Far-West qui frappe à sa porte. Elle connaît son véritable nom : Red Dust, une légende inscrite dans la poussière et le sang du Wyoming. Vivienne est porteuse de nouvelles inquiétantes. Le ranch Triple 6, haut lieu des faits d'armes de Red, ne répond plus. Le vieux cow-boy n'a d'autre choix que de reprendre la route vers son passé. Un voyage à rebours parsemé de fantômes et de regrets au bout duquel il espère revoir celle qu'il n'a jamais pu oublier, Comanche.
"Et si cette crapule avait des enfants, une femme, quelqu'un qu'il aimait ? Vous auriez des regrets ?"
Les images, la lumière, l'ambiance, et même la bande-son, tout y est, nous sommes au cinéma. Comme dans un vieux western, les acteurs évoluent dans des décors en noir et blanc. Mais les temps ont changé, les chevaux font place aux voitures, et la terre se retourne contre ceux qui l'ont exploitée.
Pour Red Dust, ancien héros des plaines c'est comme un dernier voyage vers son passé, les fantômes de l'ancien temps ne le lâchent pas, revoir Comanche c'est sans doute la dernière occasion de faire vivre cet ancien monde.
Entre remords, regrets et nostalgie, nous suivons ce voyage dans les plaines hostiles, aux côtés d'un duo improbable, un ancien porte-flingue, et une future mère à la recherche de vieilles histoires.
Je ne connaissais pas Red Dust, et j'imagine que pour ceux qui l'avaient déjà rencontré, l'aspect nostalgique doit être décuplé, mais nul besoin de cela pour ressentir la profondeur de ce récit.
Nous sommes totalement embarqués dans cette histoire et l'atmosphère est dingue. C'est du grand spectacle.
Californie, début du XXème siècle
Vivienne Bosch est à la recherche de Red Dust. Historienne, enceinte, elle collecte des témoignages des derniers survivants ayant connu l'âge d'or du Wild West. Elle croit l'avoir trouvé en la personne d'un certain Cole Hupp, terré au fond des bois dans une petite cabane. Les souvenirs remontant à la surface, elle parvient à le persuader de partir pour le Wyoming, à la recherche du Ranch Triple 6 et d'une certaine Comanche...
Après la formidable trilogie Melvile, Romain Renard revient avec un western revival intense. Il s'empare des personnages créés par Greg et Hermann (la série Comanche chez Le Lombard, 15 tomes) et nous livre une lecture personnelle du personnage de Red Dust, porte-flingues à sang froid. En le plaçant en vieux bonhomme aigri à la recherche de son passé, hanté par les souvenirs, il nous emmène dans un véritable road-trip mélancolique en cinévision.
Car, avec Revoir Comanche en mains, on se croirait devant un grand écran. Romain Renard travaille sur le long métrage de Melvile et ça se voit dans son dessin mis en relief par une technique digne de l'animation . Les paysages sont à couper le souffle, poussiéreux et venteux, les personnages s'y insèrent aisément et le tout nous tient en haleine de la première à la dernière page.
Que faire après Melvile ? Romain Renard répond de la meilleure façon avec ce one-shot magnifique. Et comme ses talents sont nombreux, il ajoute comme à son habitude quelques titres musicaux pour accompagner une lecture marquante de ce mois d'octobre !
Lorsque Vivienne Bosch débarque au fin fond de la Californie, c'est avec une idée bien précise en tête !
La jeune historienne a débusqué Red Dust, dernière figure du wild west.
Le vieil homme qui a enfoui sa vie passée, ancien héros du Ranch Triple Six, bourru et solitaire, ne voit pas d'un bon œil qu'on le sorte de sa retraite, même si c'est par une jeune femme très enceinte...
Mais quand Vivienne l'informe que Triple Six ne répond plus, Red s'inquiète.
Il accepte alors de suivre Vivienne jusque dans la Wyoming, malgré les mandats contre lui, les souvenirs douloureux et les fantômes du passé qui s'acharnent...
Le plus important, c'est de revoir Comanche.
Une dernière fois.
~
Comanche, malgré l'illustre renommée, je ne les ai pas lus. Même si cette série, parue pour la 1ere fois dans Tintin dans les années 70, est un must have du genre.
Romain Renard, lui, lors d'un déjeuner à Angoulême, s'est laissé convaincre d'abord par un hommage, puis, son cerveau s'est mis en action, et c'est ici non pas un revival, mais une véritable vision du futur de l'illustre et complexe Red Dust que l'auteur de Melville nous offre.
Un western, un road-trip, une sorte de machine à remonter le temps d'un vieil homme d'une époque révolue, déclinant, assailli par ses vieux démons, ses regrets et son amour perdu pour la somptueuse Comanche.
Les temps ont changé, l'ouest sauvage aussi.
Naviguer à rebours de la crise économique des années 30 vers un passé sauvage fossile encore vivant dans ses tripes, affronter une dernière fois le danger, la loi, la violence, sauver ce qui peut l'être...
Vivre, encore un peu.
~
C'est presque une séance de cinéma qu'on tiendrait entre ses doigts.
Le dessin de Romain Renard, sublime, subtile, mélangeant une photo léchée et un trait noir de nuit, sublimant les grandes étendues américaines, magnifiant la part d'ombre des hommes, m'a laissée sans voix.
J'ai lu, relu, et chaque fois j'ai été saisie, chaque fois j'ai découvert un regard, un souffle, un silence...
Il y aurait tant à dire, autant le lire.
C'est du grand art.
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