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"Longtemps je me suis interdit d'aimer deux pères à la fois. Michel, celui qui m'adopta à l'âge de dix ans, me donna son nom de Méditerranée, son temps infini, une affection aussi discrète que démesurée. En aimer un autre eût été à mes yeux une trahison. Pourtant j'avais bien sûr un père naturel, un père biologique : Maurice Maman, médecin accoucheur. Juif du Maroc, dont j'ai cru pouvoir nier l'existence après l'avoir vu à ma demande, l'année de mes dix-sept ans. Michel et Maurice se sont rencontrés une fois, le jour de mon mariage. Puis Michel s'est donné la mort le 11 mars 2008, comme je l'ai raconté dans L'homme qui m'aimait tout bas. Le moment était venu de me retourner vers mon "vrai père", Maurice Maman, d'autant qu'une maladie orpheline menaçait de l'emporter à tout instant. Au fil de nos conversations, je suis remonté à l'oasis du Tafilalet, au sud du Maroc, source de nos origines. J'ai découvert le visage de ses parents disparus. Mardochée et Fréha. Et aussi la dignité dont il fit preuve comme Juif tout au long de sa vie, au Maroc et en France. Pour étrange que cela paraisse, c'est parfois le rôle d'un fils de reconnaître son père. "Comme on peut aimer deux enfants, on peut aimer deux pères" m'a écrit Maurice. A présent je le sais."
Par ce livre Eric Fottorino a voulu, selon moi, rétablir un équilibre entre ce père adoptif qui l'aimait tout bas et ce père "génétique" qui l'ignorait tout haut.
Écrire, sur chacune de ces deux figures paternelles, si dissemblables au fond, est sa façon à lui, de les réunir afin de parvenir à reconstruire le puzzle sur lequel s'incruste l'image du père, avant qu'elle ne se brise définitivement.
Comme à chaque fois, qu'Eric Fottorino se prête au jeu de l'écriture, le résultat est toujours à la hauteur de ce qu'un lecteur peut attendre d'un homme à la culture tentaculaire et à la pratique plus qu'accomplie du maniement de la langue française !
L’écrivain Éric Fottorino, adopté par Michel à l’âge de 10 ans, a raconté le suicide de son père adoptif, en 2008, dans "L'homme qui m'aimait tout bas", récompensé par le Grand Prix des Lectrices de ELLE. Michel avait alors plus de 70 ans ; il s’est tué d’une balle dans la bouche, dans sa voiture.
Ce qui est étonnant (ou pas, d'ailleurs), c'est que sa relation avec son père biologique fasse l'objet d'un livre écrit ensuite.
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