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Pyrrhus et Cinéas

Couverture du livre « Pyrrhus et Cinéas » de Simone De Beauvoir aux éditions Gallimard
  • Date de parution :
  • Editeur : Gallimard
  • EAN : 9782070205080
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Plutarque raconte qu'un jour Pyrrhus faisait des projets de conquête. «Nous allons d'abord soumettre la Grèce, disait-il. - Et après ? dit Cinéas. - Nous gagnerons l'Afrique. - Après l'Afrique ? - Nous passerons en Asie, nous conquerrons l'Asie Mineure, l'Arabie. - Et après ? - Nous irons... Voir plus

Plutarque raconte qu'un jour Pyrrhus faisait des projets de conquête. «Nous allons d'abord soumettre la Grèce, disait-il. - Et après ? dit Cinéas. - Nous gagnerons l'Afrique. - Après l'Afrique ? - Nous passerons en Asie, nous conquerrons l'Asie Mineure, l'Arabie. - Et après ? - Nous irons jusqu'aux Indes. - Après les Indes ? - Ah ! dit Pyrrhus, je me reposerai. - Pourquoi, dit Cinéas, ne pas vous reposer tout de suite ?» Cette anecdote illustre assez bien toute une sagesse : celle de l'«À quoi bon ?» Cependant, il faut que Pyrrhus décide. Il reste ou il part. S'il reste, que fera-t-il ? S'il part, jusqu'où ira-t-il ? «Il faut cultiver notre jardin» dit Candide. Ce conseil ne nous sera pas d'un grand secours. Car, quel est mon jardin ? Il y a des hommes qui prétendent labourer la terre entière ; et d'autres trouvent un pot de fleurs trop vaste.
Comment savoir ce qui est mien ? Quelle est donc la mesure d'un homme ? Quels buts peut-il se proposer, et quels espoirs lui sont permis ? À ces questions, - et après avoir examiné quelques-unes des «fins suprêmes» de l'homme, - Dieu, l'humanité, «les autres», - Simone de Beauvoir fait une réponse qui affirme en les définissant les limites de l'humain : «Nous pouvons toujours nous échapper vers un ailleurs, mais cet ailleurs est encore quelque part, au sein de notre condition humaine ; nous ne lui échappons jamais et nous n'avons aucun moyen de l'envisager du dehors pour la juger. Elle seule rend possible la parole. C'est avec elle que se définissent le bien et le mal ; les mots d'utilité, de progrès, de crainte n'ont de sens que dans un monde où le projet a fait apparaître des points de vue et des fins ; ils supposent ce projet et ne sauraient s'appliquer à lui. L'homme ne connaît rien d'autre que d'humain : à quoi donc le comparer ? quel homme pourrait juger l'homme ? Au nom de quoi parlerait-il ?»

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