"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Lecture commune pour ce livre, mon ami Éric, par ailleurs co-blogueur sur les huit plumes et moi-même avons donc lu ce roman paru chez Asphalte.
Roman à trois voix. Chaque narrateur intervient trois fois, soit neuf chapitres. D’abord Marek, nostalgique absolument plus en phase avec son pays, mais plein des souvenirs et très envieux de retrouver ces moments perdus ; une belle langue, pleine de phrases longues, qui raconte la vie de rapines et de deals que menèrent Jakub et Marek. C’est un véritable plan à arnaques dans lesquelles ne pas tomber lorsqu’on est touriste ! A emporter lorsqu’on voyage ! Marek parle du Prague des années 90 au sortir du joug russe, l’ouverture au monde occidental, le rêve de l’abondance, de la consommation qui tourne vite au cauchemar de l’inflation, du capitalisme et des salaires qui ne suivent pas et donc de la frustration, puis des économies parallèles pour s’en sortir : prostitution, drogue, alcool, …
Ensuite, Scott, un touriste états-unien qui fait une virée entre potes pour se payer des filles de l’est soi-disant faciles, qui ne devraient faire aucune difficulté pour tomber sous les charmes des Américains, surtout ceux des billets verts. Scott décrit la Prague actuelle, celles des bouges, des rades miteux, des lupanars, décevante forcément, sauf peut-être pour ceux venant chercher du sexe.
Enfin, Jakub, l’ami délaissé, désabusé qui use d’une langue totalement pessimiste voire mortifère, violente et crue, revendicatrice, bourré de points d’exclamation. Jakub le trahi qui se défonce encore plus qu’avant, qui ne voit même plus sa ville, qui ne la reconnaît plus, mais qui reconnaîtrait-il, lui devenu un quasi clochard alcoolique et toxico au dernier degré ?
Le livre de Timothée Demeillers est sombre, carrément noir, pas une once d’espoir, il me couperait même mes envies de visiter Prague, moi qui en parlais encore récemment avant d’avoir lu ce roman. Maintenant, je me questionne, la place Venceslas est pleine de drogués et de dealers, le pont Charles n’est pas mieux… C’est le point noir de ce bouquin, je le trouve vraiment démoralisant, mais je dois dire que je ne connais pas la ville et que T. Demeillers, lui, la connaît, et que je suis sans doute très naïf !
Par contre, il y a en son sein de très bons points, le fait que pour chaque narrateur, l’auteur prenne un ton et un style particuliers qui font que si l’on pose le livre et qu’on le reprend en ayant oublié avec lequel on était, on le sait dès les premières lignes. Une belle maîtrise de la langue et du déroulement narratif qui laisse si ce n’est du suspense un intérêt jusqu’à la toute fin.
Asphalte publie là son premier roman français, et coup double, Timothée Demeillers signe là son premier roman, pour lequel j’émets quelques réserves quant à la noirceur mais qui fait preuve de promesse plus qu’engageantes. Assurément, Asphalte doit garder cet auteur que je suivrai avec plaisir et curiosité.
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