"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Julia a deux enfants et un mari qui l'adule. Plus âgé qu'elle d'une dizaine d'années, il lui passe tous ses caprices jusqu'à baptiser la petite propriété où ils se sont installés dans la campagne belge, le Pajottenland, La Félicité de Julia (" félicité " désignant en flamand un coquet manoir, symbole d'une certaine réussite sociale). Mais Julia n'est pas heureuse : la vie à la campagne l'exaspère, sa fille est trop sage, son fils trop distant, quant à son mari... Même quand il n'avait pas encore perdu son emploi, il représentait déjà, entre ses habitudes pantouflardes de petit bourgeois, ses parties dominicales de boules plates avec ses amis, et sa vénération pour elle, tout ce à quoi elle a toujours voulu échapper.
Julia se sent envahie par des désirs vagues et une sourde nostalgie. Sa petite enfance sous les tropiques, en Afrique où son père travaillait, lui a laissé un goût pour l'ailleurs mais aussi la peur des ruptures brutales : sans trop comprendre pourquoi, elle s'était retrouvée, jeune fille solitaire, abandonnée chez une grand-mère revêche qui n'avait manqué de l'envoyer en pension.
Comme une adolescente prolongée, elle rêve d'expériences extatiques et d'aventures sexuelles hors du commun, de sublime et d'aventure. Le travail administratif qui l'occupe à Bruxelles ne trompe en rien son ennui, et même si elle passe à l'acte avec son vieux voisin Omer, paysan bourru qu'elle retrouve quotidiennement dans une grange. l'affaire tourne court. Quand, toujours en quête d'émotions fortes, elle fait l'acquisition, pour une somme folle, d'une oeuvre de l'artiste Wolfgang Leib, un pot de pollen repéré dans la devanture d'une galerie, sa famille, pragmatique, s'inquiète - enfin - pour son équilibre et l'envoie au Brésil - où est parti son fils - pour qu'elle se change les idées. Là, dans la Rio de Janeiro des plages de rêve et du candomblé, elle vit une aventure sexuelle et sentimentale qui finira très mal. Et scellera son retour dans le Pajottenland.
Dans Mort de l'amour déjà, son premier roman traduit en français, Oscar van den Boogaard s'interrogeait, à travers le personnage d'une mère dont l'enfant vient de se noyer, sur les limites de la liberté individuelle : il excelle ici, en se glissant dans la peau d'une femme mûre, à dépeindre ses désirs de plénitude et ses rêves d'amour, malgré tout. Avec force et générosité, non sans une délicieuse ironie, l'écrivain s'efforce d'extraire de sa fatalité son personnage : Oscar van den Boogaard prête à Julia une autre vie, libre, sauvage, débridée, sans enfants et sans entraves. Et son livre en devient un hymne à la déraison et à l'extase.
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