"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque Julian Ladd, en rentrant un soir de l'agence de pub où il travaille, découvre dans le journal l'avis de décès de Rye Adler, le passé refait lentement surface. L'appartement qu'ils partageaient à Philadelphie, les cours de photo qu'ils suivaient à l'atelier Brodsky, vingt ans plus tôt. Et surtout la belle Magda, leur condisciple, dont tous deux étaient tombés amoureux. Malgré leurs divergences, Julian admirait Rye, et s'est toujours efforcé de ne pas laisser la jalousie l'emporter : c'est d'ailleurs lui, Julian, qui a épousé Magda, et s'il a choisi par sécurité la voie du marketing, Rye était de son côté devenu photographe de stars, loin de ses idéaux de jeunesse et des reportages dans le tiers monde qui l'avaient rendu célèbre. Aujourd'hui divorcé, Julian se rendra seul à la cérémonie en l'honneur de Rye, dont le corps n'a toujours pas été retrouvé... Avec la photographie pour témoin d'une société changeante, Elizabeth Brundage construit un roman aux apparences trompeuses, brouillant chaque piste, amenant la tension à son comble.
De l’auteure, j’avais adoré Dans les angles morts. Je me suis donc lancée dans la lecture de son nouveau roman traduit en français, et je dois dire que je n’ai pas été déçue : c’est glauque.
Je ne suis pas fan des trio amoureux, et il y en a un dans ces pages, avec en plus l’épouse légitime de la vedette laissée en plan, ça m’a agacé.
Je n’ai pas aimé la vedette, alias Denis Adler que tout le monde appelle Rye. Je n’ai pas aimé que ce soit le photographe doué qui fasse carrière de façon grandiose en oubliant ses engagements humanistes de ses premières années.
Je n’ai pas aimé qu’il rabaisse ses ami.e.s et ne porte aucun regard sur les gens qui vivent à côté de lui.
J’ai préféré l’éternel second Julian Ladd, celui qui fait des photos philosophiques et qui font réfléchir le spectateur, celui qui est obligé de devenir publicitaire pour gagner sa vie, celui qui va tout perdre à la fin.
J’ai aimé la femme de Rye, Simone : son désordre, ses longues promenades dans ses bottes crottées.
J’ai été étonnée que leur fille Yana tienne peu de place dans le roman.
J’ai été mal à l’aise quand il était question du fils de Magda, la femme de Julian, qui se drogue : à ces moments, le récit devenait glauque.
J’ai aimé Magda qui met sa passion de la photographie en retrait lorsqu’elle élève son fils.
Et alors j’ai détesté le happy-end à l’américaine alors que dans les premiers chapitres, l’auteure m’a proposé un vrai univers avec des personnages complexes.
Quelques citations :
Ce qu’on vendait, c’était l’idée d’une vie meilleure. Les gens avaient besoin de croire qu’il y avait plus. Plus, avait dit Julian, le mot-clé du XXIe siècle. p.185
Il avait commencé à comprendre la noirceur qui l’habitait. Cette noirceur en chacun, qui refait surface quand on oublie qui on est. (p.271)
L’image que je retiendrai :
Celle de la femme de Rye allant marcher dans la vaste propriété, seule avec ses chiens.
https://alexmotamots.fr/point-de-fuite-elizabeth-bundage/
L histoire tient la route très intéressant à lire avec plaisir
Un très beau roman qui met en scène, une jeune fille Magda et deux jeunes garçons Rye et Julian qui se prédestinent à la photographie. Ils se rencontrent lors d'un atelier animé par un photographe célèbre. L'un des trois deviendra célèbre les deux autres non. Rivalités, jalousies professionnelles et amoureuses sont exacerbées et Magda, fille d'immigrés polonais en subira les conséquences. Vingt années se sont écoulées, on apprend la disparition de Rye, la piste du suicide est évoquée bien qu'on est pas encore retrouvé son corps. Julian et Magda sont en plein divorce et on découvre les problèmes de drogue de leur fils unique Theo. Elizabeth Brundage confirme son talent de conteuse, elle sait comme personne nous faire entrer au sein des cette famille dysfonctionnelle. On remonte lentement le fil d' une introspection psychologique pour comprendre ce qui se joue entre eux. La chronologie est respectée, ce qui est appréciable, on arrête d'aller et venir entre présent et passé comme souvent après les premières pages. Une construction qui partage la narration entre les différents personnages, nous permettant d'entrer dans leur monde. Quête de sens, parentalité, addiction, le récit n'en finit pas de s'assombrir en portant magnifique la tension sous-jacente. Un superbe style littéraire qui se déguste et s'infuse en vous lentement se rapprochant tantôt du roman sociétal, tantôt du thriller psychologique. Toutes les parties concernant la photographie et l’œil du photographe sont très agréables à découvrir, de belles descriptions parfois poétiques, cela m'a donné envie d'aller voir une expo photo. J'ai aimé les citations de photographes célèbres en début de chapitres qui apportent un éclairage à cette profession qui passe beaucoup de temps cachée derrière l'objectif pour nous offrir un regard différents sur le monde. Un final surprenant mais qui en y réfléchissant est juste parfait. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2022/07/01/39541545.html
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