"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris, de nos jours, la canicule. Le taux de mortalité grimpe, à mesure que monte l'angoisse : les plus âgés ne sont pas seuls à mourir. Une drogue étrange et hors de prix, l'Orphée, fait croire à ceux qui la consomment qu'ils peuvent revoir leurs morts. L'ensemble de la société s'effondre. Mais un dernier rempart improbable se dresse : Caroline, capitaine de police, elle-même consommatrice de la drogue miracle. Qu'est-ce qu'Orphée ? Qui la fabrique ? Pourquoi ? Dealers et flics, jeunes et vieux, riches et paumés vont tous être embarqués dans une enquête en forme de descente aux enfers dont le rythme effréné est rendu délicieusement douloureux par la moiteur étouffante de la capitale au soleil de plomb.
Portrait d'une société à la dérive, grand tableau d'un Paris vénéneux, ce premier roman policier nourri de séries télévisées, lorgne à la fois vers la violence incandescente de The Shield et la justesse descriptive de The Wire.
2013. La capitale se liquéfie sous la chaleur. Le moindre geste épuise, le quotidien englue, Paris sommeille sous les degrés. Il n’y aurait rien d’étonnant à découvrir un mort ici ou là, une personne âgée délaissée, victime de la canicule. Mais Suzanne de Montrel n’est pas un cas isolé, et elle est tout de même bien desséchée pour quelqu’un qui vient seulement de rendre l’âme. Et cette gélule, retrouvée à son domicile, c’est pas clair. Pourquoi Caroline, la flic, l’a-t-elle glissée discrètement dans sa poche sans la mentionner à ses collègues ? Certainement pour la même raison qu’elle demande au légiste de ne pas s’étendre sur le corps, si je puis dire : elle a quelque chose à cacher. Très vite, il paraît évident qu’elle sait ce qu’est l’Orphée, cette nouvelle drogue qui se revend sous le manteau aux enterrements et vous permet de faire un petit voyage de l’autre côté pour revoir vos défunts. Parce que Caroline a perdu une fille.
Dans le même temps, c’est Sophie qui trouve la mort, ou plus exactement, qui fait la mauvaise rencontre apparemment peu fortuite d’une balle dans la tête dans un jardin public. Alors qu’elle prétendait se rendre au travail, son conjoint la suivait, soupçonneux. Leur couple ne battait pas tellement de l’aile mais le désir d’enfant qu’elle ne partageait pas a fini de lui mettre la puce à l’oreille lorsqu’il a pris, ce matin-là sur le portable de Sophie, un appel qui ne lui était vraiment, vraiment pas destiné. C’est une Caroline agressive, fermée au dialogue, qui reçoit l’éploré Sylvain au poste. Il semblerait qu’elle ait d’autres préoccupations et… et la sauce ne prend pas.
Il y a, dans Pills Nation, de bons éléments. Cette idée d’une drogue terrassante qui plonge aux pays des morts, c’est intéressant, original, mais je l’ai trouvée très mal enrobée. Les personnages ne suscitent aucune sympathie, au mieux ils laissent indifférent, au pire ils agacent carrément. L’équipe de flics répond à tous les stéréotypes du genre, de même que les lascars en charge de s’engraisser en fourguant la came, les personnages secondaires n’ont pas d’intérêt. Je me suis lancée dans ce roman avec autant d’enthousiasme que je me suis trouvée blasée passé le premier tiers. L’angoisse promise par le résumé, je ne l’ai jamais sentie monter. Est-ce tout de même bien écrit ? À mon goût, non. J’ai trouvé l’ensemble pauvre, synthétique, sans un coup d’éclat, sans une phrase qui amène à réfléchir. Le thème du deuil sert de décor à une petite fiction inaboutie, d’où la critique sociale peine à émerger. Je suis déçue, donc.
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