"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Je ne connaissais pas l'auteure mais la quatrième de couverture m'a tout de suite parlé : une mathématicienne parmi les personnages et les attentats du 11 septembre comme sujet.
Comme moi, vous vous rappelez sûrement ce que vous faisiez ce 11 septembre 2001 dans l'après-midi, à l'heure européenne. À 10 ans, je rentrais de l'école et j'allumais la télé furtivement avant de filer faire mes devoirs. J'ai pris ces images de tour fumante en pleine tête sans comprendre puis, j'ai revu en boucle cet avion foncé dans la seconde tour. Même si je sentais que c'était un événement grave, je n'en ai pas tout de suite saisi l'ampleur à ce moment-là !
Je pense que ce sont les premières images qui m'ont marqué à ce point et l'approche de ce roman a donc eu une résonance particulière en moi
"Nous sommes le 11 septembre 2001 et nous avons appris depuis longtemps à considérer les images comme les facettes d'un monde cohérent".
Ce 11 septembre 2001, désormais gravé dans toutes les mémoires de ceux qui étaient nés à l'époque est peut-être le premier événement vécu en temps réel à l'échelle de la planète, par le biais des écrans. C'est le point de départ du roman et du propos de Fanny Taillandier qui analyse au fil d'une intrigue captivante, la façon dont les images transforment le monde en un spectacle permanent. Et nous invite à réfléchir sur le poids de ces images, leur interprétation voire leur manipulation quand réalité et fiction se confondent sans aucun filtre à travers ces écrans devenus outils d'information autant que de divertissement.
Pour ce faire, elle met en scène trois personnages dont les destins vont converger en cette belle matinée du 11 septembre où aucun nuage ne vient troubler le bleu du ciel. Lucy et William sont frère et sœur et, ce matin-là, chacun a reçu un message de leur père qui leur annonce sa mort prochaine. Diagnostic formel. Mais la mort, ils vont y être confrontés de façon bien plus brutale. Lucy travaille dans la tour sud, elle est analyste pour une importante compagnie d'assurances, chargée de prévoir et de modéliser les risques. William est un vétéran de l'armée, désormais responsable de la sécurité de l'aéroport Logan de Boston. L'aéroport où le jeune Mohammed Atta, le troisième (funeste) personnage a pris les commandes du Boeing qui sera le premier lancé contre le World Trade Center...
"On nous raconte depuis cinquante ans une histoire où les gratte-ciel en acier et les avions au kérosène supportent ensemble notre poursuite du bonheur, dont ils sont à la fois l'outil et l'effet ; c'est grand, beau et prestigieux. Mais voilà que sur nos écrans habituellement dociles, les avions percutent tout à coup les gratte-ciel et les détruisent. Comme des cellules cancéreuses, les images recombinent le génome de notre monde en un signal toxique et le propagent à la vitesse de la lumière, nous laissant ébahis devant les téléviseurs".
Il y a donc Lucy, enfouie sous des tonnes de décombres, dans le noir, privée des images habituelles et donc de la moindre information. Il y a William, dont la mission dans l'Air force était justement d'analyser les images au service des actions des troupes armées et des drones ; William que trop d'images d'horreurs imprimées sur la rétine ont amené à démissionner et à trouver ce poste dans le civil. William, de nouveau confronté aux images : pour remonter la piste, trouver où le système a failli et tenter de comprendre comment on en est arrivé à ce spectacle offert à la terre entière. Et puis, il y a l'enquête, menée par le FBI, sur la piste des terroristes et de leur chef, Atta. Une piste remontée par les images là encore, des millions d'enregistrements qui n'ont peut-être pas été analysés comme il faut.
Par le prisme de cette enquête, Fanny Taillandier interroge la façon dont les images forgent les histoires, les mythes, les légendes ou sont utilisées à des fins d'endoctrinement et de propagande. Rappelant au passage qu'écrans et images ne sont que des outils, qui, comme tous les outils obéissent à ceux qui les manipulent.
Lecture passionnante, intelligente qui propose un décryptage tout à fait utile de la façon dont les images ont pris possession du monde. Ce roman m'a captivée.
Une belle fiction sur les attentats du 11 septembre, avec des points de vues différents. Une belle fiction que l'on aurait vite tendance à prendre pour la réalité (Il y en a une part, entendons nous, mais il reste tout de même une part de fiction qu'il ne faut pas oublier).
https://leslivresdejoelle.blogspot.com/2018/10/par-les-ecrans-du-monde-de-fanny.html
" Trop de bugs pour un seul événement "
William et Lucy sont frère et sœur. Un matin ils reçoivent tous deux un message téléphonique de Détroit, il s'agit de leur père qui leur annonce qu'il va mourir. William, vétéran de l'US Air Force, est directeur de la sécurité à l'aéroport de Boston. Lucy, mathématicienne surdouée, est directrice du bureau du risque de la première compagnie mondiale d'assurance dont le siège est au World Trade Center à New-York. " Elle recevait le réel, le convertissait en chiffres, puis calculait l'avenir."
Nous sommes le matin du 11 septembre 2001 et Mohammed Atta, un jeune architecte égyptien, a pris les commandes d'un Boeing 747.
Lucy qui se rendait à une réunion du comité de direction où elle devait faire une présentation importante reprend connaissance dans un souterrain sous les tours, coincée dans l'obscurité, le corps brisé sous un banc en marbre. Elle n'a aucune idée de ce qui s'est passé. Pendant ce temps là à Boston, dans l'aéroport d'où sont partis les terroristes à bord des avions précipités sur les tours, William est sidéré que les procédures d'urgence n'aient pas fonctionné, hypnotisé, comme tout le monde, par les images qui tournent en boucle sur tous les écrans de télé.
Un Agent spécial est chargé de l'enquête sur Mohammed Atta, un des terroristes pilotes, kamikaze d'Al-Qaïda, il retrace peu à peu son parcours. Fanny Taillandier invente la vie du terroriste en se basant sur de multiples rapports le concernant qu'elle énumère dans son récit. Dans ce roman, elle met donc en scène un personnage réel, Mohammed Atta et trois personnages de fiction confrontés au chaos du 11/09/2001.
Au fil du récit on découvre le passé de chacun, notamment celui de William victime d'un syndrome de stress post-traumatique après avoir été interprétateur d'images enregistrées par des drones. Il a été traumatisé par les images qu'il a eu à analyser alors qu'il était basé à Las Vegas, sans jamais aller sur le terrain, sans jamais participer aux combats. Il va être confronté à des images aussi effroyables que celles des scènes de guerre qui l'ont fait basculer.
Dans ce texte Fanny Taillandier allie le romanesque et l'analyse en tentant de prendre du recul par rapport à ce tragique événement. Elle restitue très bien l'impression d'irréalité qui a saisi tout le monde ce jour là. C'est un roman très riche sur le pouvoir des images, sur leur interprétation, sur le mystère des kamikases prêts à mourir pour une cause. Fanny Taillandier tente de nous mettre dans la peau d'un kamikaze et s’interroge sur ce à quoi peut penser quelqu'un qui se sait condamné, question applicable aussi au père de Lucy et William, envahi par des métastases aussi redoutables que les ramifications d'Al-Qaïda.
Un roman autour du 11/09/2001 très intéressant et très documenté malgré quelques passages assez difficiles à suivre comme celui sur le théorie des mondes possibles. Un roman qui contient des passages glaçants sur les talibans et leur entreprise de purification divine avec des discours qui font froid dans le dos. Un roman qui souligne toutes les occasions manquées d'arrêter les terroristes, toutes les erreurs commises et la manipulation de l'information après le drame.
Il y a Lucy, une mathématicienne prise dans les décombres du World Trade Center, William, son frère, un vétéran de l'US Air force qui surveille le ciel ce jour-là et dans ce ciel Mohammed Atta aux commandes d'un des avions kamikazes. Nous sommes donc le 11 septembre.
Un texte assez ardu dans sa première partie où les faits sont analysés à travers les écrans (écran télé, écran de surveillance, écran radar). C'est froid, sans émotion. On se retrouve face à un récit quasi analytique de ses trois trajectoires au coeur des évènements. Pas de place pour le romanesque. J'ai bien failli me perdre.
Et puis à un moment, c'est la bascule. Fanny Taillandier plonge dans l'intime de ses personnages. On quitte le roman à concept pour entrer dans un roman qui tient en haleine.
Intelligent et brillamment construit, « Par les écrans du monde » est de ces livres qui n'enthousiasment pas immédiatement mais qui révèlent leur puissance petit à petit.
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