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Placée dans le seul contexte économique, la vieillesse n'est plus envisagée qu'en termes de contraintes, de charges et d'inutilité. La grande défausse des États permet un véritable génocide gériatrique sans culpabilité, parce que lorsqu'on est vieux on doit mourir. Un génocide silencieux perpétré grâce aux incohérences et aux maltraitances qui font tous les ans plus de morts que la canicule.
De la prise en charge défaillante des vieux aux urgences à l'hécatombe des mauvaises orientations, sans parler des euthanasies, « tellement courantes, dit un médecin, que pour s'en convaincre il suffit d'aller dans les hôpitaux », tout contribue à accélérer leur fin. Ceux qui survivent à l'hôpital se retrouvent dans des maisons de retraite inadaptées à leur prise en charge. Abandonnés sans soins dans des établissements sous-dotés en personnel, les vieux dénutris, sous-médicalisés et surmédicamentés ne font pas long feu. La justice ne condamne que rarement ces « dysfonctionnements institutionnels ». La vie d'un vieux, au pire, ça vaut deux ans avec sursis.L'État se désengage d'autant plus volontiers du problème qu'il veut privatiser le secteur.
Reste à savoir à qui profite le crime?
L’ouvrage a été publié en 2006 et il est d’autant plus effarant de constater l’actualité des problématiques qu’il soulève. La principale d’entre ces dernières étant la marchandisation du secteur médico-social qui aboutit à une quête du profit au détriment du bien-être humain. En outre, les auteurs ont également le mérite de mettre en lumière une question fondamentale : celle de la place que notre société est prête a accorder aux « vieux ». Paradoxalement, il s’agit d’un adjectif que beaucoup de ses membres seront amenés, un jour peut-être, à porter à leur tour malgré l’amnésie qui semble les frapper dans leur jeunesse. Il serait intéressant de mettre toutes ces questions en parallèle avec l’actualité : pourquoi pas envisager une réédition ?
Je regrette juste que l’aspect dénonciation, certes terriblement efficace, ne soit pas suivi d’éléments plus constructeurs et ne développe pas, davantage, les pistes de solutions envisagées et, peut-être, déjà mises en œuvre. C’est aussi dans la réflexion et la concertation que peuvent se résoudre les problèmes : du moins, c’est là mon avis.
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