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"Celui qui veut abattre un nuage avec des flèches épuisera en vain ses flèches. Beaucoup de sculpteurs ressemblent à ces étranges chasseurs.
Voici ce qu'il faut faire : on charme le nuage d'un air de violon sur un tambour ou d'un air de tambour sur un violon. Alors il n'y a pas long que le nuage descende, qu'il se prélasse de bonheur par terre et qu'enfin, rempli de complaisance, il se pétrifie. C'est ainsi qu'en un tournemain, le sculpteur réalise la plus belle des sculptures.» (Jean Arp, Jours effeuillés, poèmes, essais, souvenirs, 1920-1965).
Proposant au visiteur une approche autre de l'art moderne et contemporain, «Nuage» puise son sujet dans la nature. L'exposition s'intéresse aux structures anthropologiques de l'imaginaire, à travers un thème à résonance universelle, au croisement entre nature et culture, art et sciences naturelles.
Manifestation, subtile ou grandiose, du cycle de la vie, spectacle naturel inépuisable, le nuage est un objet de fascination sans fin. Il concentre tous les attributs du merveilleux : l'insaisissable, la métamorphose, et par-dessus tout l'apesanteur. Il est d'emblée le plus efficace des ascenseurs d'imaginaire : celui qui nous permet de nous défaire de la gravité. Phénomène naturel, combinaison de contraires et d'extrêmes, le nuage apparaît dans toutes les cultures comme une manifestation hors norme, éternellement branchée sur l'infini : c'est l'objet métaphysique par excellence. Mais il est aussi, dans l'art, la poésie, la philosophie, ou la nimbologie, en vrai comme en rêve, le plus humain des corps célestes.
L'exposition - et le catalogue qui en découle - réunit plus de cent vingt oeuvres, parfois de taille colossale, et cinquante-quatre artistes : sculptures, installations - dont cinq d'entre elles ont été spécialement réalisées pour le lieu -, peintures, oeuvres sonores, photographies, vêtements, vidéos. s'y répondent en un champ de résonances multiples mêlant les genres et les géographies.
Le fil rouge qui traverse toute l'exposition apparaît dès l'entrée du parcours : une ancienne «pierre de méditation», objet de lettré chinois, manifeste l'omniprésence du nuage porteur d'énergie vitale dans toute la culture de l'Extrême-Orient, que l'on retrouve plus loin avec un extraordinaire oreiller en forme de nuage de la dynastie Song (xe-xiie siècle). Tout le corps de l'exposition est ainsi travaillé, à la manière d'un diapason, par la constellation que dessinent en creux trois fragments empruntés à la nature, trois objets insignes, qui condensent, notamment à travers les collections dont ils sont issus, l'infini de la relation de l'homme au nuage : un rocher, une racine d'arbre du xviie siècle et une météorite.
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