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Rebelle à toute assignation identitaire dès sa fracassante entrée en littérature en 1991, Nina Bouraoui n'a eu de cesse de revendiquer sa place, pleine et entière, dans la littérature française. Récusant les marqueurs particularistes ethnoraciaux ou genrés, elle donne du fil à retordre aux discours médiatiques et parfois universitaires qui classent hâtivement sa production littéraire dans le pôle francophone minoré. Sa posture littéraire s'oppose ainsi à la définition étriquée de la littérature française tacitement réservée à une catégorie singulière d'écrivains, un groupe supposément homogène par essence et dépositaire exclusif de l'universalisme : la blanchité.
Malgré une forte notoriété et des oeuvres conséquentes, le champ littéraire français peine à se départir de ses hésitations sur la manière de classer l'auteure de Mes mauvaises pensées (prix Renaudot de 2005) et, partant, de gommer une fois pour toutes les désignations multiples et parfois contradictoires de sa position dans le champ littéraire français. Nina Bouraoui est-elle une autrice francophone ou française ? Subversive et parfois opportuniste, elle jongle avec les lignes, brave les frontières catégorielles et bouscule l'immobilisme des cadres normatifs. Sa littérature reste un témoin des ambigüités de notre temps et des proclamations universalistes qui restent à satisfaire.
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