"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Aristocrate désargenté, traînant de prisons en procès, accaparé par des amours tumultueuses, Honoré-Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, devient, en 1789, un homme public et le chef de file de la Révolution. En réalité, l'homme public Mirabeau n'a jamais cessé de se construire au prix d'une constante gymnastique de la volonté. Il a toujours été un homme d'Etat : lorsque, incarcéré à Vincennes, il voulait réformer le système pénitentiaire ; lorsque, faisant fléchir le balancier de la Bourse au fil de ses pamphlets, il se rêvait en grand argentier du royaume ; lorsque, séjournant à Berlin, il se posait en conseiller de Frédéric-Guillaume de Prusse. Il avait déjà revêtu l'armure de l'homme d'Etat ; ne lui manquait que la rencontre avec l'Histoire. 1789 allait l'ériger en annonciateur du jugement dernier de l'Ancien Régime. Ce Provençal, issu d'une " famille de frénétiques ", son père parle d'une " race effrénée ", son oncle du " salpêtre " qui est dans le sang des Mirabeau -, ce " monsieur Ouragan " ou " La Bourrasque ", selon son père, ce " Mirabeau-Tonnerre ", selon Camille Desmoulins, a toujours refusé le " piétinement sur place " de l'homme de pure réflexion. Grand intellectuel des Lumières, il nous apparaît finalement comme un intellectuel-homme d'action, comme tous les grands politiques. Si Mirabeau avait survécu, aurait-il été une des premières victimes de la Terreur ? Ou aurait-il réussi à établir cette monarchie constitutionnelle qu'il imaginait ?
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