"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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Très heureuse d’avoir pu rencontrer Yvon Coquil au salon du livre de caractère de Quintin. J’avais déjà lu deux de ses romans "Black poher" et "Dernier train pour Ouessant" à une époque où mon blog n’existait pas et j’avais beaucoup aimé. J’ai terminé "Métal amer", son dernier ouvrage, dans le train en direction de la Bretagne.
"Métal amer" est un recueil de onze nouvelles, onze moments de vie, une vie souvent dure, une vie d’ouvrier, de délaissé. Il y est question, beaucoup, de l’arsenal, celui de Brest où l’auteur fut lui-même ouvrier, il y est question de Ti-Jean, Arsène, Abdel, Ti-Boud, des personnages au bord de la rupture, il y est question d’accident du travail, et d’enquête bâclée, de rapport falsifié. Yvon Coquil se sert de ses connaissances du milieu pour dresser des portraits noirs, certes, mais emplis d’humanité.
www.memo-emoi.fr
Il trempe sa plume dans une encre anthracite juste éclairée par un humour souvent grinçant. C’est caustique et tendre, c’est triste et drôle, c’est la vie, celle des plus humbles qui travaillent dur puis se rencontrent au café du coin pour siroter un verre – ou deux, trois, ou plus – d’Anjou rouge avant de rentrer retrouver femmes et enfants. Les femmes, présentes aussi, ont une vie cabossée comme celle de la mère de Ti-Boud qui vend ses charmes au propriétaire d’une Ford porteur [d’] "une chaussure à trois bandes, puis [d’] une cheville équipée d’un bracelet électronique que masquait mal un jogging blanc."
J’aime l’écriture dynamique, sèche, simple. Elle a réussi à m’envelopper, à créer un climat tellement juste que j’avais l’impression d’être dans le paysage et de sentir le poids de la fatigue sur mes épaules. "J’avais passé deux heures dans les soutes d’une frégate en cale de radoub et je puais le gazole à plein nez…. Des caréneurs y faisaient une pause. Leurs visages étaient luisants de vaseline…. Ils avaient l’air harassé…" Et je ne parle pas des chutes de chacune des histoires, étonnantes, surprenantes, qui bousculent et font douter.
Chaque nouvelle est un hommage à ceux qui triment, qui tentent de garder la tête hors de l’eau, mais aussi la traduction d’une vénération pour une ville, Brest, personnage à part entière, Brest et son arsenal, sa rade, son pont de Recouvrance et sa rue "Jean Jau". Ne croyez pas pour autant que "Métal amer" ne s’adresse qu’aux Bretons. Si ceux-ci ont plaisir à la revisiter à travers les mots de l’écrivain, les autres pourront l’apprécier avec tout autant de bonheur, me semble-t-il.
Un ouvrage très réussi de mon point de vue.
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