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Mami Wata, sirène ensorceleuse qui symbolise l'attrait et les pièges de la modernité, Bula Matari qui, sous diverses formes, incarne le pouvoir, Patrice Lumumba devenu héros christique... Ces figures hantent la peinture urbaine du Congo, où se mêlent le fracas de l'histoire et les rumeurs de la ville. De fait, à Kinshasa, Lubumbashi et Bunia s'est affirmée, à partir de 1950, une peinture de chevalet, qui a remplacé la peinture sur case et s'adresse autant à une clientèle étrangère que locale. Elle s'inscrit dans une culture qui ne rompt ni avec les traditions villageoises, qu'elles soient orales ou plastiques, ni avec l'ambiance moderne de la ville : l'usine, les bars, les nouvelles musiques et pratiques sociopolitiques. Bogumil Jewsiewicki décrypte les codes de cette production artistique dont les images - les «icônes mémorielles» - suivent le fil de l'histoire du Congo : la colonisation en 1885, l'indépendance de 1960, le règne de Mobutu, jusqu'à l'assassinat de Kabila en 2001. En s'attachant au mode d'élaboration et de réception de la peinture urbaine, il analyse la genèse de cet art, à la fois retour sur soi, acte politique et vecteur des liens sociaux : le tableau accroché dans un salon, dans un bar ou dans la rue est commenté, discuté et parfois même détruit. En postface, l'auteur nous livre de savoureux portraits des peintres, à la fois drôles et tragiques.
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