"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avec Macula Brocoli, la science rencontre la fiction. En effet, Edmond refuse l'accès à son génome, préférant ignorer les risques de maladie présents dans son patrimoine génétique. Mais son frère Edgar, en revanche, accepte. Or, Edmond et Edgar sont jumeaux, ils ont donc le même génome. Quelle que soit l'information qui ressortirait de ce séquençage, elle est lourde à porter, puisque pour, chacun, notre destin est écrit : nous sommes tous, littéralement, « prisonniers de nos gènes. » Avec distance et ironie, le dessinateur des Isolés (Ed. Paquet) et de Mai '68, Histoire d'un printemps (Éditions Berg International) fait ici la preuve de son talent graphique et narratif. Dans la mouvance d'un Chris Ware ou d'un Joost Swarte, sa Ligne Claire garde à la fois distance et humanité, dans un ballet qui mène le lecteur à la logique implacable d'un propos éminemment troublant.
Laurent Alexandre, le co-scénariste, est docteur en médecine, bien connu pour ses idées visionnaires sur le « destin génétique » de l'humanité : « La chute du coût du séquençage d'un ADN, de 100 millions de dollars en 2002 à 50 dollars estimés en 2020, va révolutionner la médecine, et avoir de lourdes conséquences en termes éthiques, politiques, sociaux, industriels et géopolitiques.» Cela a l'air abstrait, mais il n'en est rien : nous entrons dans un « âge génomique » où l'être humain est susceptible d'atteindre rien moins que l'immortalité. Soudain, la question se pose : qu'allons-nous en faire ?
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