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Ce livre est né de la sympathie profonde, et donc, d'une certaine manière, amoureuse, que l'auteur a toujours éprouvée pour son modèle. La bibliographie inhérente à ce genre d'approche a été vite réglée : les quelques biographies qu'il a essayé de lire ne rendaient compte que d'une vie de surface, lisse et monotone, insipide, souvent affl igeante, même, et surtout, quand elle semblait « mouvementée ».
Il ne s'y passait que des choses - qui n'étaient du coup jamais des événements, même quand cela aurait pu être le cas : choix, travail, rencontres, passions, désastres, réussites, etc. - qui donnaient à cette vie une sorte de compacité opaque, une épaisseur assez navrante. Il s'est pourtant agi, tout de même, de l'une des plus belles femmes du monde, qui a signifi é un canon de beauté très particulier, dit et redit, en gros, entre 1940 et 1980, souligné avec un grand nombre de détails qui sont vite apparus inintéressants et inutilisables.
Bien que Flaubert ait tracé dans sa perfection écrite ce que pouvait être Madame Bovary, les seuls visages que nous avons d'elle sont ceux de Valentine Tessier, de Jennifer Jones ou d'Isabelle Huppert.
Le projet « Liz T. Autobiographie » ne pouvait alors commencer à prendre corps qu'à partir d'une décision d'écriture dont le ton est donné dès le début, par une suite d'interrogations.
C'est, du coup, une vie intime et secrète qui est sondée. D'autant plus intime qu'elle est presque entièrement inventée, autant dans ses éléments réalistes et réalisables, que dans ce qui en constitue, à force de la penser, la matérialité intérieure, la palpitation et l'âme. Très peu d'éléments sont repris des biographies plus ou moins offi cielles, également des fi lms. Et bien que Jean-Paul Manganaro ait eu à sa disposition la quasi-intégralité des fi lms (environ 80 pellicules en DVD), il a préféré s'en remettre à ce qui l'avait ému au moment des sorties, à ce qui en était resté dans sa mémoire, dans sa conscience et sa sensibilité. Il a donc travaillé de façon plus approfondie sur ce qu'on pourrait appeler « l'écho » suspendu et mis en attente de ce qui était arrivé, sur quelque chose de constamment fugitif que l'on essaie de rattraper sans vraiment y parvenir ou aboutir. C'est dès lors, une pensée maniaque et obsessionnelle qui se dévide ; qui ne sait plus où situer la vie, sa vie, entre un réel fait de cinéma et un réel qui re-mime le cinéma : où et quand cette femme a-t-elle vécu ? Quelle est sa biographie ? Quels sont les possibles de sa biographie ? Son image a pourtant traversé le temps, son temps. Cette pensée a beau y prêter attention - une attention variée ici en fonction du passage des étapes et des saisons qu'elle énumère, qu'elle scande presque à son insu -, mais qui cache l'angoisse fondamentale de toute vie qui tend à son achèvement, à sa conclusion dans cet autre moment « suspendu » qu'est la mort.
Le sous-titre Autobiographie, au-delà de l'ironie qu'il suggère, ouvre en réalité au contresens qu'est toute biographie qui ne serait pas écrite par soi-même. C'est le prix de ce livre que d'avoir été écrit par quelqu'un qui apparaît comme un homme, qui se glisse dans l'interrogation qu'est cette femme très particulière ; et la seule justifi cation qu'il peut proposer est que, dans le temps, il avait pu en être amoureux.
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