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On sait que Nietzsche a placé sa philosophie de l'art sous le signe emblématique des rapports entre Dionysos et Apollon, soulignant ainsi qu'il n'y a de " création " artistique véritable qu'au point d'intersection de la forme et de la force, de la chair et de l'esprit, de la vie et du sens.
Mais s'est-on assez interrogé sur l'"esthétique" à laquelle cette philosophie de l'art a voulu donner naissance ? A-t-on remarqué que l'esthétique nietzschéenne de la création renferme un curieux paradoxe, si, par définition, l'esthétique repose sur la " réception " de quelque chose de sensible et la création, sur la " donation " d'une forme artistique ? Est-ce pour dénouer ce paradoxe que Nietzsche a estimé qu'il fallait repenser de fond en comble le concept de " forme ", " viriliser " les enjeux de la création, considérer celle-ci comme le fruit de " l'ivresse " et rattache l'oeuvre d'art à un processus de " transfiguration " ?
Telles sont les questions à l'origine de cet essai, dans lequel Paul Audi se propose d'éclairer le sens de la " modernité " en art, en nous indiquant tout le profit qu'il est encore possible - et qu'il est toujours souhaitable - de tirer de cette esthétique de Nietzsche qui aura transformé les rapports entre Art et Nature tels que la métaphysique occidentale les avait définis jusque-là.
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